Afrique du Sud12'000 mineurs grévistes licenciés
Le numéro un mondial du platine Amplats a annoncé vendredi le licenciement de 12'000 de ses mineurs en grève illégale du site de Rustenburg (nord) en Afrique du Sud.

Les mines d'Afrique du Sud sont secouées par les grèves depuis le mois d'août.
Le numéro un mondial du platine Amplats a annoncé vendredi le licenciement de 12'000 de ses 28'000 mineurs en grève sauvage du site de Rustenburg dans le nord de l'Afrique du Sud. Ces événements surviennent au lendemain de la mort d'un gréviste tué par la police.
«Environ 12'000 employés ont décidé de ne pas se présenter, de ne pas assister aux audiences, et ont donc été licenciés en leur absence», annonce un communiqué d'Amplats, filiale d'Anglo American. L'entreprise avait clairement menacé de licencier les grévistes refusant de comparaître devant les conseils de discipline.
Ces conseils, convoqués depuis mardi, se sont tenus comme prévu, explique Amplats. «Les employés concernés connaîtront vendredi le verdict de leur audience. Ils auront trois jours ouvrables pour faire appel».
Tension constante
L'entreprise, dont tous les puits du bassin de Rustenburg sont bloqués depuis le 12 septembre, avait déjà lancé plusieurs ultimatums à ses employés, les sommant de reprendre le travail sous peine de licenciement. Les ultimatums avaient jusqu'à présent été repoussés à chaque fois.
Les grévistes, dont le mouvement ne respecte pas les procédures du droit du travail sud-africain, réclament 16'000 rands mensuels (1'700 francs suisses), une substantielle augmentation.
Les violences à Amplats témoignent de la tension qui règne toujours dans nombre de mines sud-africaines, paralysées depuis presque deux mois par des grèves sauvages.
Un manifestant tué
Jeudi soir, un mineur a de nouveau été tué dans des affrontements entre employés d'Amplats et policiers à Rustenburg.
Les policiers affirment avoir utilisé des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour disperser un rassemblement illégal, assurant que les mineurs avaient commencé à jeter des pierres sur les forces de l'ordre.
Tous les témoignages recueillis auprès des mineurs indiquent au contraire que la police a ouvert le feu avant qu'il y ait eu la moindre marque d'hostilité de la part des mineurs.
«Ils n'ont rien jeté sur les policiers», a souligné Mikael Rafuza, un mineur proche du comité de grève soutenu par une poignée de militants trotskystes.
Sur les lieux, un hameau de logements en tôle ondulée, un autre mineur affirme qu'un groupe de mineurs a refusé d'obtempérer lorsque les policiers les ont sommés de se disperser, comptant jusqu'à dix pour les faire partir. «1, 2, 3, 4... et ils ont tiré. La balle l'a touché lui et les autres quand ils ont vu ça se sont enfuis», a-t-il dit.
Grévistes déterminés
«On ne reculera pas, peu importe ce qu'ils disent ou ce qu'ils font, on se battra jusqu'à la dernière goutte de sang», a déclaré l'un des animateurs du mouvement, Mametlwe Sebei.
Depuis une semaine, les mineurs d'Amplats, relativement pacifiques jusque là, semblent s'engager dans un bras de fer sans merci. Des violences avaient déjà fait cinq morts en début de semaine.
Les menaces à peine voilées proférées vendredi aux non-grévistes n'augurent rien de bon. «Ceux qui vont au travail sont responsables de la mort des autres», a lancé l'un des leaders du mouvement, promettant que «personne ne dormirait la nuit prochaine car nous devons contrôler les gens qui vont au travail».
Il a ensuite donné rendez-vous à tous samedi matin pour un nouveau meeting suivi d'une marche jusqu'au lieu du décès de la victime de jeudi pour y prier.
Mouvements divers
Tandis que l'impasse semble totale chez Amplats, une lueur d'espoir est apparue cette semaine pour les mines d'or où le mouvement a fait tache d'huile. La Chambre des mines a accepté, sous la pression, de tenter de débloquer la situation et de proposer sans tarder des hausses de salaires.
La crise sociale a été exacerbée par la fusillade de Marikana, où la police a abattu 34 mineurs en grève le 16 août sur un site de platine exploité par Lonmin.
Depuis deux semaines, les transporteurs routiers ont également cessé le travail pour réclamer de meilleurs salaires, ce qui porte à environ 100'000 le nombre de salariés en grève dans le pays.
(ats/afp)
General Motors et Shell souffrent de la grève des routiers
Le constructeur automobile General Motors et le pétrolier Royal Dutch Shell ont prévenu vendredi que la grève des routiers en Afrique du Sud commençait à avoir un impact sur leurs activités dans le pays, le premier annonçant un ralentissement de la production et le second des difficultés de livraisons.
Le géant de l'automobile américain General Motors a indiqué vendredi que la production de son usine d'Afrique du Sud était ralentie à cause de la grève des routiers, et pourrait même être stoppée si la grève se prolongeait.
La grève des transporteurs routiers perturbe la fourniture en pièces de l'usine d'assemblage de véhicules de Port Elizabeth (sud), explique le constructeur dans un communiqué, qui ajoute que la production continue, «mais pas au niveau normal». Si la grève des routiers venait à durer, cela pourrait entraîner «un blocage» complet de la production, avertit General Motors.
Environ 20'000 routiers ont lancé depuis près de deux semaines une grève nationale pour réclamer de fortes augmentations de salaires. La grève a commencé à affecter l'approvisionnement de stations essence, des supermarchés.
Le groupe pétrolier anglo-néerlandais Royal Dutch Shell a ainsi indiqué vendredi qu'il ne pourrait pas remplir certaines de ses obligations contractuelles en matière de livraisons de carburant. Shell s'est donc déclaré en situation de «force majeure» pour l'approvisionnement dans les provinces de Mpulanga et Gauteng, la région du grand Johannesburg, la capitale économique du pays.