Equipe de Suisse: 72 jours pour un chantier colossal

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Equipe de Suisse72 jours pour un chantier colossal

Vladimir Petkovic a un peu plus de deux mois afin de remettre son équipe à l'endroit. Un laps de temps qui s'annonce bien court.

Robin Carrel
Zurich
par
Robin Carrel
,
Zurich
Granit Xhaka et Fabian Schär écoutent les consignes de Vladimir Petkovic, sous le regard de Philippe Senderos (à droite).

Granit Xhaka et Fabian Schär écoutent les consignes de Vladimir Petkovic, sous le regard de Philippe Senderos (à droite).

photo: Keystone/Ennio Leanza

Le sélectionneur de l'équipe de Suisse n'a quasiment plus aucune certitude, après le fiasco du dernier rassemblement de ses protégés. A part le poste de gardien où la hiérarchie est claire, la talent évident et les performances jamais remises en cause, les 80 mètres qu'il reste de terrain sont peuplés d'incertitudes.

Derrière, Johan Djourou, qui n'apparaissait que comme un lointain recours il y a quelques mois, est désormais essentiel pour la Nati. Fabien Schär s'est perdu, Timm Klose est dépassé dès que le rythme s'élève, Steve von Bergen n'apparaît plus dans les plans et Philippe Senderos est à court de forme. Les autres possibilités n'ont quasiment aucune expérience et il serait suicidaire de les lancer si près du but.

Qui avec Xhaka?

Au milieu, Petkovic cherche et cherche encore la formule adéquate. Deux milieux défensifs, comme le faisait son prédécesseur Ottmar Hitzfeld? Ca n'a pas marché ces derniers jours, même si on n'a toujours pas bien compris ce qu'il a tenté à Dublin. Deux «pistons» en Nos 8 devant l'incontournable Granit Xhaka? Valon Behrami et Blerim Dzemaili n'ont pas vraiment le profil, alors que Luca Zuffi et Pajtim Kasami n'ont pas (encore?) le niveau international à ce poste.

Devant, c'est aussi le chantier le plus total. Haris Seferovic a dû essuyer les plâtres en Irlande et face à la Bosnie. Tout le monde a pu voir à quel point le joueur de l'Eintracht Francfort était en crise de confiance. A côté de lui, Breel Embolo est trop jeune et trop tendre pour porter à lui seul le poids des attaques suisses, tandis qu'Admir Mehmedi a disparu des écrans radar après un bon début de saison avec le Bayer Leverkusen.

Quatre joueurs à niveau

La Suisse a quatre joueurs de haut niveau: Ricardo Rodriguez, Stephan Lichtsteiner, Xherdan Shaqiri et Granit Xhaka. Le premier, endeuillé, a traversé la semaine sans montrer le talent qu'on lui prête. Le second devrait être plus souvent, sur le pré, à la hauteur de ses gesticulations et du vent qu'il brasse. L'absence sur blessure du troisième a encore une fois souligné à quel point il était indispensable à l'approche et devant le but adverse. Le dernier a été installé à son poste de prédilection et attend d'exploser véritablement dans un collectif mieux huilé.

Se plaindre du traitement médiatique ou même l'éviter ne changera rien à l'affaire. L'excuse selon laquelle «nos adversaires sont bons» a également bon dos. La Suisse voit une de ses générations les plus talentueuses arriver à maturité et il serait terrible de manquer l'occasion de le prouver en France l'été prochain. Si les Helvètes osent enfin avoir des ambitions, il faut le prouver sur la pelouse et ne pas se cacher éternellement derrière des «si on avait marqué le premier but» ou «on s'est créé beaucoup d'occasions».

Après une qualification moins simple qu'espérée dans un groupe plutôt aisé, la Nati reste sur trois défaites en quatre matches amicaux et un demi hold-up en Autriche. Pire, la sélection à croix blanche n'a toujours pas trouvé un style de jeu qui lui convient et aucun XI indiscutable ne s'est dégagé. «On n'a pas encore perdu l'Euro», a lâché Fabian Schär mardi soir. C'est vrai, mais le stage avant celui-ci suffira-t-il à dégager un collectif? Vladimir Petkovic compte là-dessus.

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