Grenoble (F)À la barre, Nordahl Lelandais dépeint sa dérive après l’armée
Le meurtrier de la petite Maëlys a expliqué mercredi, à la troisième journée de son procès, comment il a perdu pied après avoir échoué à faire une carrière militaire.

«Pour moi, l’armée c’était quelque chose de très important, je voulais faire carrière», a affirmé mercredi Nordahl Lelandais pour expliquer comment il avait glissé dans les addictions.
«Après l’armée, il n’y avait plus rien qui comptait»: Nordahl Lelandais a relaté mercredi devant la Cour d’assises de Grenoble qui le juge pour le meurtre de la petite Maëlys comment il a commencé à faire «n’importe quoi» après sa carrière militaire avortée.
L’ancien maître-chien militaire de 38 ans, vêtu d’une chemise blanche, a reconnu avoir à cette époque glissé dans les addictions, sexe et stupéfiants, et de manière générale avoir vu sa vie «s’éparpiller».
«Pour moi, l’armée c’était quelque chose de très important, je voulais faire carrière», souligne-t-il, se tenant debout bien droit dans son box et répondant calmement et poliment au flot ininterrompu de questions de la présidente Valérie Blain.
Il signe son contrat d’engagement en 2001 dès l’âge de 17 ans et demi, mais sera réformé après différents épisodes dont l’un où il est blessé par une fléchette dans l’œil. Il se fera également surprendre en Guyane par un supérieur en possession de cannabis. Quatre ans plus tard, il est rayé des cadres de l’armée de terre.
Dépendant aux sites pornos
Retour à la vie civile. «Je m’éparpille, un peu de boulot, j’arrête, des copines, j’arrête, je fais n’importe quoi.» L’un de ses meilleurs amis le dépeindra comme un «anorexique du travail». Sa dépendance aux sites pornographiques «a commencé après l’armée», admet-il.
Nordahl Lelandais avait auparavant décrit «une belle enfance» au sein d’une famille sans problème. L’école «n’est pas trop (son) truc» et il arrête ses études pour intégrer une formation de mécanique en alternance. Là encore, il n’ira pas au bout.
«Qui êtes-vous aujourd’hui, Monsieur Lelandais?» interroge ensuite la présidente. «C’est compliqué: qui je suis, je ne sais pas vraiment. Aujourd’hui, je suis Lelandais, Nordahl, dans un box et je dois m’expliquer sur des faits très graves», répond-il avec gravité après un temps de réflexion.
«Je sais qui je ne veux plus être. Je ne veux plus être ce que j’ai été. J’étais perdu, ce n’est pas pour faire pleurer dans les chaumières. Je faisais n’importe quoi et aujourd’hui je suis là», poursuit-il.
Un «super ami», mais «bloqué en adolescence»
Mercredi, l’audience a débuté par l’audition d’une ex-partenaire sexuelle qu’il fréquentait épisodiquement dans les mois précédant la mort de la fillette. Elle l’avait rencontré sur internet sous le faux nom de «Jordan» et ignorait sa vraie identité. Pour elle, Lelandais était »mystérieux», «un bloc». «Il ne se dévoilait sur rien, ni sur son travail, ni sur sa vie personnelle», a-t-elle déclaré à la Cour.
Lui a succédé à la barre David, un ancien ami d’enfance, qui a dépeint l’accusé comme «un super ami», mais «bloqué en adolescence» par rapport à son groupe de copains de l’époque. «Je pense être une des personnes qui te connaît le plus», a-t-il conclu, se tournant vers l’accusé. «Tu vas dire la vérité à la famille. Tu la dis, c’est tout ce que j’ai à dire.»
Nordahl Lelandais est jugé depuis lundi pour le meurtre de la petite Maëlys De Araujo, huit ans. L’enfant avait disparu dans la nuit du 26 au 27 août 2017 lors d’une soirée de mariage à Pont-de-Beauvoisin (Isère). L’accusé a reconnu l’avoir tuée «involontairement».
Déjà condamné à Chambéry en mai 2021 à 20 ans de réclusion pour le meurtre du jeune soldat Arthur Noyer, Nordahl Lelandais encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre de Maëlys. Le verdict est attendu autour du 18 février.