Canal+«A tchao Les Guignols?»
«Touche pas aux Guignols!» Personnalités des médias, du show business, du monde politique et anonymes se sont émues de la possible disparition des «Guignols de l'Info», l'emblématique journal satirique de Canal , annoncée par plusieurs médias.
«Beaucoup ne pouvaient y croire hier, mais Les Guignols sont sur le point de disparaître. Aidez-nous !», a lancé sur Twitter jeudi Benjamin Morgaine. Il est l'un des auteurs de l'émission culte de Canal dont plusieurs médias assuraient qu'elle ne serait plus à l'antenne à la rentrée.
«Il faut les sauver, bien sûr!», a renchéri le président PS de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, exprimant publiquement son soutien aux marionnettes stars du PAF. Tout comme Jean-Luc Mélenchon ou Cécile Duflot.
Le journaliste Patrick Poivre d'Arvor, dont la marionnette anime depuis ses débuts cette parodie de JT avec son fameux «A tchao bonsoir», a également pris fait et cause pour les Guignols sur Twitter: «Il y a 27 ans mon double de Canal ne m'a pas demandé de voir le jour, mais je lui ai toujours laissé vivre sa vie. Aujourd'hui encore plus!»
«No comment» chez Canal
La direction de Canal et Vivendi, sa maison-mère, se sont refusés à tout commentaire. Mais selon plusieurs sites d'informations, le sort des Guignols pourrait être scellé lors d'une réunion des actionnaires du groupe, prévue vendredi.
La mobilisation a été immédiate sur les réseaux sociaux, les internautes exprimant colère, indignation ou incompréhension face à l'arrêt possible du rendez-vous quotidien de la chaîne, à l'antenne depuis août 1988.
«Vous n'avez donc rien retenu de ce maudit mois de janvier!», a lancé Dorothée, en référence aux attentats du début de l'année contre l'hebdomadaire Charlie Hebdo, autre symbole d'irrévérence.
Des «Je suis Guignols» ont fleuri sur la toile alors qu'une pétition, lancée sous le slogan «Touche pas aux Guignols», avait déjà réuni jeudi matin plus de 10'000 signatures. Certains ont même menacé de se désabonner de la chaîne cryptée si l'émission venait à disparaître.
Guignols pas au parfum
Des internautes s'émouvaient aussi du fait que cette information soit diffusée deux jours après la mort d'Alain de Greef, l'ancien numéro deux de Canal , père des Guignols.
Un des membres de l'équipe, qui a participé fin juin à la dernière des Guignols pour cette saison, ne cachait pas son étonnement.
«Il n'y a eu aucun signe, ni du côté de la production, ni du côté de la direction de la chaîne, d'un arrêt possible, ni même d'un changement de formule», a-t-il assuré, sous couvert d'anonymat. Une allusion au passage de l'émission à un rythme hebdomadaire à la rentrée, également évoqué dans la presse.
«C'est d'autant plus surprenant que des travaux importants ont été faits sur le site de production, à la Plaine-Saint-Denis (près de Paris), pour accueillir la fabrication des marionnettes qui, pour l'instant, est réalisée dans Paris».
L'un des auteurs de la première heure des Guignols, Bruno Gaccio, est toutefois resté très prudent: «rien n'a été annoncé aux Guignols encore», a-t-il dit sur Twitter.
Concurrence
Présentée par certains médias comme une décision du patron de Vivendi, Vincent Bolloré, qui goûterait peu la liberté de ton des marionnettes de Canal, l'arrêt du programme s'inscrirait dans une refonte des programmes de la chaîne dont une autre émission phare, «Le Grand Journal», a vu son audience s'éroder. Elle est passée de 6,9% de part d'audience, en moyenne, la saison dernière à 6% cette année, selon Médiamétrie.
Les deux programmes subissent aussi la concurrence de Cyril Hanouna et de son émission «Touche pas à mon poste», diffusée à la même heure sur D8, autre chaîne du groupe. (ats)
Lescure quitte Havas pour protester contre l'arrêt des «Guignols»
Pierre Lescure a démissionné du conseil d'administration du groupe publicitaire Havas. L'ex-président de Canal entend ainsi protester contre le souhait prêté à Vincent Bolloré de supprimer l'émission satirique «Les Guignols de l'Info» de la chaîne cryptée.
«J'ai démissionné d'Havas en apprenant la nouvelle qu'il y avait une menace de suppression de l'émission», explique Pierre Lescure dans un entretien accordé jeudi aux Echos et diffusé en ligne. Il faisait référence aux rumeurs selon lesquelles le patron de Vivendi, qui goûterait peu la liberté de ton des marionnettes de Canal , aurait décidé de les mettre à la retraite.
Cette éventualité, non confirmée pour l'instant, a été évoquée par plusieurs médias mercredi, et a provoqué depuis de nombreuses réactions de soutien. Tant sur les réseaux sociaux que de la part du monde politique.