Mexique Abattu car il cherchait les 43 étudiants disparus?
La mort du leader d'un groupe d'auto-défense engagé dans la recherche des 43 étudiants disparus, abattu samedi près d'Acapulco, a soulevé de nombreuses interrogations au Mexique.
Le corps criblé de balles de Miguel Ángel Jimenez a été retrouvé samedi au volant d'un taxi collectif stationné sur le bord d'une autoroute.
Le corps criblé de balles de Miguel Ángel Jimenez a été retrouvé samedi en fin de journée au volant d'un taxi collectif stationné sur le bord de l'autoroute reliant Acapulco à Mexico, à hauteur du village de Xaltianguis, dans l'Etat de Guerrero.
Cet activiste, qui travaillait comme chauffeur de taxi pour compléter ses revenus, avait créé en 2013 un groupe d'auto-défense afin de lutter contre les agressions des cartels de drogue.
Il faisait partie de l'Union des peuples et des organisations de l'État de Guerrero (UPOEG) au sein de laquelle il dirigeait les recherches pour retrouver les 43 étudiants disparus en septembre dernier.
A l'aide des familles
Jimenez s'était fait connaître sur le plan national en participant, au côté des familles, aux recherches pour retrouver ces élèves enseignants de l'école normale d'Ayotzinapa, remis par la police locale au cartel des Guerreros Unidos, sur instruction du maire de la ville, José Luis Abarca, puis vraisemblablement massacrés.
Les autorités avaient conclu à la mort puis à l'incinération de ces jeunes par des narcotrafiquants, mais les familles, aidées notamment par Jimenez, avaient poursuivi les recherches pour tenter de les retrouver. Seuls les restes d'un corps avaient pu être identifiés par les autorités.
«Avoir assassiné quelqu'un qui aidait les gens est très surprenant», a déclaré lundi Felipe de la Cruz, porte-parole des parents des 43 étudiants.
«Lamentable»
Si Jimenez a été tué à cause de son activisme dans cette affaire alors «c'est lamentable», ajoute Mario César González, père d'un des jeunes disparus, tout en assurant que ce crime «n'intimide personne» dans leur mouvement et n'entamera pas leur détermination.
«S'ils veulent commencer à nous tuer et bien qu'ils le fassent (...). De toute façon, ils ont toujours tué ceux qui luttent et qui élèvent la voix» dénonce-t-il, près d'un an après la disparition de ces 43 étudiants.
Menaces
L'activiste abattu samedi soir faisait partie d'un des groupes d'autodéfense créés dans cet Etat avec l'accord des autorités, afin de s'opposer aux cartels de la drogue.
En septembre dernier, il avait indiqué avoir reçu des menaces d'un groupe d'autodéfense opposé au sien, le Front uni pour la sécurité et le développement de l'Etat de Guerrero (FUSDEG), qu'il avait accusé d'être infiltré par une bande criminelle.
On ignore pour l'heure le mobile du crime, mais le conflit entre ces deux groupes d'autodéfense «a coûté la vie à de nombreuses personnes», rappelle, sous couvert d'anonymat, un défenseur des droits de l'Homme dans l'Etat de Guerrero.
En juin, à la veille des élections locales et législatives, au moins une douzaine de membres de la FUSDEG avait été tuée dans un affrontement avec un groupe rival à Xolapa.
Le Guerrero est l'un des Etats les plus pauvres et les plus violents du Mexique. Les affrontements entre cartels pour le contrôle de la production et du trafic de drogue y sont fréquents. (afp)