GenèveAccueil plutôt tiède pour deux jours fériés en plus
Pour des raisons différentes, patrons et syndicats sont réservés sur le projet du MCG d'instaurer un pont à l'Ascension et au Jeûne genevois.
- par
- David Ramseyer
Ce serait un «bol d'oxygène» bienvenu pour les employés, qui contribuerait à «améliorer leur qualité de vie et donc leur rendement», dans un canton où «le stress et les burn-out sont importants» au travail. Le député MCG Thierry Cerutti vient de déposer un projet de loi qui demande l'instauration de deux jours fériés supplémentaires dans le calendrier, soit les vendredis suivant les jeudis congés de l'Ascension et du Jeûne genevois, a révélé lundi la «Tribune de Genève».
Coût «trop élevé» pour l'économie
À la Fédération des entreprises romandes (FER), la proposition de Thierry Cerutti, par ailleurs candidat au Conseil National, est jugée «électoraliste», et pour tout dire, mauvaise. D'abord, elle augmenterait le coût du travail - «déjà élevé à Genève» pour le secteur privé - «puisqu'il faudra payer des employés qui ne travailleront pas ces jours-là, s'inquiète Olivier Sandoz, directeur-général adjoint de la faîtière patronale. Les entreprises devront donc compenser leurs pertes d'une manière ou d'une autre.»
Si certaines d'entre elles souhaitent prendre pareille mesure, elles sont évidemment libres de le faire, poursuit le dirigeant: «Mais arrêtons de légiférer à tout va, car cela réduit la marge de manœuvre au sein du partenariat social.»
La FER note enfin que le projet de loi MCG est problématique d'un point de vue légal. Le nombre de jours fériés est en effet fixé par le droit fédéral - il prévoit un maximum de neuf jours par an, dont le 1er août. «Un projet de loi cantonal ne peut évidemment pas modifier une réglementation fédérale», appuie Olivia Guyot Unger, directrice du service juridique de la faîtière.
Pas forcément en faveur des employés
Les syndicats soulèvent eux aussi ce point juridique. Et s'ils estiment que la proposition MCG «n'est pas une mauvaise idée en soi», ils notent cependant qu'elle ne serait pas forcément avantageuse pour les employés. Secrétaire de la Communauté genevoise d'action syndicale, Joël Varone prévient: «Instaurer des jours de congé supplémentaires ne garantira pas qu'ils seront rémunérés. Ils pourraient être simplement considérés comme des jours chômés.»
Des congés qui évoluent
Certains, dans le canton, pourraient à terme bénéficier d'un pont à l'Ascension et/ou au Jeûne Genevois: les élèves de l'école publique. En effet, l'Etat mène actuellement une consultation sur un nouvel aménagement des horaires scolaires. Condition sine qua non à des modifications dans le calendrier: si de nouveaux jours de congé devaient être octroyés (ndlr: un rallongement des vacances de Pâques est aussi évoqué), ils devront alors être compensés en cours d'année, en réduisant par exemple la durée de la pause estivale.