Suisse romande«Adieu! Dis voir, tu causes un français droit local, toi»
Un sondage auprès de 10'000 francophones casse certains préjugés sur le langage parlé. Tour d'horizon des subtilités marquantes.
- par
- Francesco Brienza
Dire «adieu» à la place de bonjour: cette spécialité romande a souvent suscité les railleries des Français. Pourtant, on la retrouve jusque dans... les Pyrénées! C'est ce que démontre un sondage réalisé cet été auprès de 10 000 personnes – en Suisse comme dans l'Hexagone – par les universités de Neuchâtel, de Genève et de Zurich. En termes de succès, l'enquête a dépassé toutes les attentes. «Les gens n'ont pas seulement répondu, se félicite Federica Diémoz, la prof à la tête de l'étude. Ils ont aussi fait des commentaires et formulé des propositions. Le parler local reste une fierté intimement liée à l'identité de chacun.»
Les participants ont été échantillonnés selon leur âge, leur niveau socioprofessionnel et leur origine. Ainsi, le questionnaire permet de casser certaines idées reçues. «Avoir meilleur temps de» n'est pas une expression typiquement suisse. Elle est utilisée en Haute-Savoie et en Franche-Comté. Elle compte même quelques adeptes jusqu'à Lyon. «Etre déçu en bien» n'a rien d'exclusivement vaudois. Tous les Welsches l'utilisent. «Oser» quelque chose dans le sens de «pouvoir»? La formule n'est en revanche courante que dans l'Arc jurassien. Tout comme la phrase «c'est droit ce que je lui ai dit» pour signifier que «c'est exactement ce que je lui ai dit».
L'objectif de ce sondage est d'évaluer la vitalité de certaines expressions du français parlé en Suisse romande. L'étude se poursuit. Ne restera ensuite qu'à trouver le financement qui permettra de valoriser ces données.
Participez à l'enquête en cliquantici.
Le parlé local en exemples
«Gamin, il a eu fumé comme un pompier»: le passé surcomposé est un temps verbal utilisé surtout par les aînés.
«Rentrons, je crois qu'il veut bientôt pleuvoir»: l'auxiliaire vouloir pour le futur est utilisé surtout par les hommes.
«C'est tout simplement bonnard, le rock»: l'adjectif est courant en Suisse romande, sauf dans l'Arc jurassien.