GenèveEtat et agriculteurs s’allient face au manque d’eau
Canton et exploitants veulent parer aux futures sécheresses induites par le changement climatique. Il faudrait notamment transformer tout le réseau de distribution d’eau.

- par
- David Ramseyer

«Entre les mois sans pluie, comme l’an passé, et l’eau d’arrosage quasi la plus chère de Suisse, on a un vrai problème.» La présidente d’AgriGenève, Patricia Bidaux, reflète l’angoisse du secteur agricole, au bout du lac. Face au réchauffement climatique, il faut de l’or bleu pour que vignes, fruits ou céréales tiennent le coup, sans pour autant gaspiller une ressource précieuse, qui en plus coûte un saladier. C’est en effet une particularité genevoise: le pompage dans le Léman ou le Rhône est généralement interdit pour l’arrosage; l’eau provient donc du réseau potable, avec le prix que cela suppose, outre son incongruité écologique. Ainsi, un agriculteur vaudois paie 60 centimes le m³ d’eau quant à Genève, la facture peut tripler et atteindre 1.80 franc le m³.
Nouveau réseau pas avant des années
Pour trouver des solutions durables, une plateforme est née récemment. Elle regroupe trois offices cantonaux ainsi que des viticulteurs, des maraîchers ou encore des arboriculteurs. Sa première séance s’est tenue en mars, la suivante est prévue à la fin du mois.
Ses objectifs? «À terme, c’est entre autres la construction d’un réseau primaire de distribution, avec une eau non filtrée – donc moins chère - pour l’arrosage, qui servirait aussi aux espaces verts ou aux pompiers, par exemple», éclaire Valentina Hemmeler Maïga, directrice de l’Office cantonal de l’agriculture et de la nature. Mais on parle là d’un horizon à 10 ou 20 ans. À plus court terme, il s'agira de faciliter des projets coordonnés avec le secteur agricole, tels que la recherche de sites de pompage non dommageables pour l'environnement.
Genève en retard
«Il faudra aussi établir des stratégies régionales», relève Valentina Hemmeler Maïga. Citant notamment des projets d’irrigation dans la région des Trois Lacs (VD, NE, FR et BE), la responsable estime que «Genève est en retard par rapport à d’autres cantons». Il y a donc du pain sur la planche: «Nos ressources en eau paraissent grandes à ce jour, mais il s’agit de les utiliser intelligemment et de ne pas les gaspiller, pour garantir leur renouvellement».
Les députés appuient le monde agricole
Le 12 mai dernier, le Grand Conseil genevois a adopté à l’unanimité une motion du député Jacques Blondin (Le Centre), par ailleurs ancien directeur de l’Union maraîchère de Genève (UMG). Elle demande d’autoriser le pompage d’eau dans le lac, dans le Rhône et dans les nappes phréatiques, pour un usage agricole. Le texte appelle aussi à la construction à terme d’un réseau primaire de distribution. La motion constitue une des bases sur lesquelles s’appuiera le travail de la plateforme récemment créée.