AlimentationBerne veut nous encourager à manger des légumes
La Stratégie climat pour l’agriculture concoctée par la Confédération, qui comprend 50 mesures, fait bondir les agriculteurs.

Plus de légumes… et moins de viande dans les assiettes.
L’Administration fédérale entend entamer une vaste «transformation du système alimentaire». Pour le climat, il faut que la population mange moins de viande et davantage de légumes. De grands changements s’imposent dès lors aux agriculteurs. Ils devront élever moins d’animaux et ne plus cultiver de fourrage sur de bonnes terres arables, ce qui est le cas sur 60% de ces terrains et cela dès 2030. «La production s’adapte de manière que les terres arables soient principalement utilisées pour l’alimentation humaine directe», indique un document qui devrait sortir en septembre et que la «NZZ am Sonntag» dévoile.
Parmi les mesures, une adaptation des subventions et des droits de douane à l’importation rendrait les aliments végétaux moins chers et la viande plus chère. En d’autres termes, le bœuf américain et les asperges péruviennes importées deviendraient plus chers, tandis que les légumes biologiques des pays voisins seraient moins onéreux.
La Stratégie climat pour l’agriculture, qui comprend 50 mesures, prévoit que d’ici à 2050 au moins un tiers de la population suisse se nourrisse selon la pyramide alimentaire. C’est-à-dire en privilégiant les légumes (voir ci-dessous)

L’Union suisse des paysans (USP) se montre très critique. «Nous ne voulons pas d’une rééducation étatique», dit le directeur de l’USP Martin Rufer. Pour les associations environnementales, le plan ne va pas assez loin. Pour Marcel Liner, de Pro Natura, la transformation est trop lente: «Nous ne pouvons plus attendre.»
Carburants pour tracteurs plus chers
Aujourd’hui, les agriculteurs bénéficient d’un diesel à prix réduit pour leurs tracteurs et leurs machines. Grâce à un système complexe, les taxes sur les carburants leur sont remboursées. Berne veut s’attaquer à cette consommation de carburant en le taxant. Le Secrétariat d’État à l’économie (SECO) est déjà en train de mettre en place une réforme. «C’est une erreur. Le système actuel a fait ses preuves et n’incite pas du tout à une consommation élevée de diesel en raison du remboursement forfaitaire», explique Martin Rufer, de l’USP. Les taxes sur le carburant sont prélevées pour la construction des routes. «Les tracteurs et les machines agricoles roulent généralement dans les champs.» Il serait injuste de les taxer de la même manière que les voitures normales, selon le directeur de l’USP.
Les organisations environnementales saluent la réforme. Mais Marcel Liner, de Pro Natura, demande des mesures encore plus ambitieuses. Pour lui, il faut une stratégie d’électrification pour l’agriculture. La Confédération doit encourager le passage aux tracteurs et machines électriques par des subventions.