Hockey: «Aller aux toilettes me prend beaucoup de temps»

Désormais paraplégique, l'ancien défenseur d'Olten a accueilli «20 Minuten» chez lui, à Volketswil. Interview.

Beaucoup de cas plus ou moins semblables se produisent dans le monde. Mais le mien suscite un grand intérêt en Suisse. Les images ont marqué les esprits et les gens se sentent concernés. De mon côté, je dois travailler sur ça. J'essaie de retirer du positif de ce coup du sort en m'impliquant dans des choses comme la Wings for Life World Run (lire encadré). J'ai la possibilité de faire passer un message auprès du public par ce biais.

Je ne peux pas échapper à ma réalité. J'y suis jour après jour confronté. Dès lors, je ne peux pas dire qu'en parler soit une charge psychique.

Avez-vous gardé des souvenirs de la scène cruciale?

Il me manque 10-15 minutes. Je me souviens de la position du puck et comment nous avons sprinté. Après, c'est la nuit. Cette absence de souvenir est peut-être un mécanisme de protection.

Dans mon esprit, je suis resté le même. Mais mon quotidien a évidemment radicalement changé. Des gestes comme aller aux toilettes et me doucher me prennent beaucoup plus de temps qu'auparavant. Il y a moins de place pour la spontanéité et la flexibilité. Il faut toujours tout anticiper.

Il m'avait envoyé un ou deux SMS, mais je n'y avais pas répondu. C'était encore trop tôt pour moi. On s'est revus au tribunal (ndlr: la justice devra trancher sur la régularité de la charge) il y a quelques semaines. C'était notre première rencontre depuis l'accident. On s'est serré la main. Je n'ai pas besoin de plus pour l'heure. Cet instant a été difficile à vivre pour moi. Et ça l'a sans doute aussi été pour lui.