Vaud: Ancien policier jugé pour s’être mêlé d’un litige entre deux prostituées

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VaudAncien policier jugé pour s’être mêlé d’un litige entre deux prostituées

Le quadragénaire a comparu lundi pour des faits relevant de l’abus d’autorité. Il a dit avoir voulu «rendre service» à une des filles, dont il était client. Il risque des jours-amende avec sursis.

par
Christian Humbert
Un conflit financier avait éclaté entre deux professionnelles du sexe. L’ancien gendarme a eu la mauvaise idée de vouloir s’en mêler.

Un conflit financier avait éclaté entre deux professionnelles du sexe. L’ancien gendarme a eu la mauvaise idée de vouloir s’en mêler.

KEYSTONE / Image prétexte

«Un gâchis.» C'est la conclusion de la procureure Magali Bonvin en évoquant les agissements d'un ex-caporal de la police vaudoise, contraint de démissionner lorsque les faits pour lesquels il a comparu lundi devant le Tribunal de police de Vevey (VD) sont arrivés aux oreilles de ses collègues. Le quadragénaire a consulté les fichiers professionnels afin de se renseigner sur une prostituée dominicaine, Camilla*. Il n'a agi ni par amour, ni par intérêt personnel: il voulait simplement aider Aline*, une autre prostituée, dont il était client.

Les deux femmes avaient vécu un amour passionné avant que Camilla, qui semblait vivre des largesses financières de son amie brésilienne, décide de partir travailler seule, au noir, dans des salons romands.

Il sort sa plaque et menace la Dominicaine de renvoi

Lorsque le gendarme lui a révélé sa profession, Aline a profité de l’aubaine: elle l’a incité à faire pression sur Camilla pour qu’elle lui rende les 20’000 francs qu’elle lui devait, prétendait-elle. A partir de là, l’homme «n'a pas pensé avec sa tête», pour reprendre les termes de la procureure. Il s’est donc rendu à Aigle et est allé voir Camilla comme s’il était un client. Puis, il a exhibé sa plaque de police afin de faire entrer Aline chez la Dominicaine, histoire que les deux femmes règlent leurs comptes. Dans la foulée, il a fait planer sur Camilla la menace d’un renvoi dans son pays si le conflit financier ne trouvait pas d’issue. «Je voulais rendre service. J'ai été naïf. J'aime aider. Mais j'ai agi comme ami, non comme policier. J'ai sorti ma plaque car Camilla a paniqué quand elle m'a vu. C'était pour la rassurer», a affirmé l’ancien gendarme, qui a dit vouloir reprendre l'uniforme.

La version de la lésée est totalement différente: elle aurait été contrainte de s’engager à rembourser cette somme, qu’elle n’avait pas. Elle a refusé de verser 1000 francs par mois à Aline, puis a promis de lui rembourser 5000 francs. Camilla a alerté des associations de défense des prostituées, avant de retourner dans son pays, sans rien payer. «Elle a profité de mon bon cœur. Cet argent elle me le devait. Je me suis sentie volée», a affirmé Aline lundi, devant le Tribunal.

La procureure a retenu contre l'ex-policier la violation du secret de fonction, l'abus d'autorité et la tentative de contrainte et a requis une peine de 240 jours-amende avec sursis. Quant à Aline, prévenue d'instigation à l'abus d'autorité et de tentative de contrainte, elle encourt 90 jours-amende avec sursis. Le Tribunal rendra son jugement mardi.

*prénoms d’emprunt

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