Bilan 2012: Année agitée pour les banques suisses

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Bilan 2012Année agitée pour les banques suisses

Démission de Philipp Hildebrand, la plus ancienne banque du pays qui met la clef sous la porte, le secret bancaire sous pression: 2012 restera une année mouvementée pour le secteur bancaire.

Philipp Hildebrand a démissionné début 2012.

Philipp Hildebrand a démissionné début 2012.

Véritable coup de tonnerre pour la place financière helvétique, Philipp Hildebrand démissionne le 9 janvier. Le Lucernois jette l'éponge à la suite d'un achat de devises quelques semaines avant la fixation par l'institut d'émission le 6 septembre 2011 du taux plancher de 1,20 franc pour un euro.

Effectuée sur ordre de l'épouse de M. Hildebrand, l'opération a permis au couple de réaliser une plus-value substantielle. L'affaire est révélée par l'hebdomadaire «Weltwoche» auquel un avocat et député UDC au grand conseil thurgovien a transmis des données volées par un ami d'enfance, informaticien de la banque Sarasin, et communiquées au Conseil fédéral par Christoph Blocher.

Philipp Hildebrand, qui a répété n'avoir rien caché des transactions litigieuses, a finalement estimé que l'affaire pouvait nuire à la crédibilité de la BNS. Vice-président, Thomas Jordan assurera l'intérim jusqu'en avril, lorsque le Conseil fédéral le confirme à la présidence. M. Hildebrand travaille lui depuis octobre pour Blackrock, premier gestionnaire d'actifs de la planète.

Wegelin & Co se saborde

Côté conflits fiscaux, notamment entre la Suisse et les Etats-Unis, les affaires des banques suisses ne s'arrangent guère avec une première victime.

Suite à l'inculpation de trois conseillers soupçonnés d'avoir aidé des contribuables américains - en fait d'anciens clients d'UBS craignant d'être découverts - à échapper au fisc, Wegelin & Co se saborde le 27 janvier. Le plus ancien gestionnaire de fortune suisse transfère ses affaires non américaines dans un nouvel établissement, la banque privée Notenstein, lequel est repris par Raiffeisen.

Rythmée par les arrestations de banquiers helvétiques outre-Atlantique, 2012 est aussi marquée par l'afflux de demandes de renseignements de la part de Washington. Les autorités américaines mènent des investigations contre au moins onze instituts suisses, dont Credit Suisse, Julius Baer, ainsi que les banques cantonales de Zurich et Bâle.

Ces procédures comprennent notamment la transmission controversée de données contenant des noms d'employés et des transactions. En décembre, la Suisse et les Etats-Unis paraphent un accord visant à faciliter la mise en oeuvre de la loi fiscale américaine FATCA, laquelle permet à Washington d'imposer tous les comptes détenus à l'étranger par des personnes soumises à l'impôt aux Etats-Unis.

Rubik en échec

Ce document garantit que les comptes détenus par des contribuables américains auprès de banques suisses seront déclarés au fisc américain. Une telle déclaration se fera soit avec le feu vert du titulaire du compte, soit par le biais de demandes groupées. En l'absence d'autorisation, les renseignements ne seront pas échangés automatiquement, mais uniquement sur la base de la clause d'assistance administrative de la convention contre les doubles impositions.

Toujours sur le front de la fiscalité, la Suisse a passé des accords avec le Royaume-Uni et l'Autriche. En revanche, celui conclu avec Berlin, refusé par la Chambre haute du Parlement allemand, le Bundesrat, est enterré. La conciliation entre le Bundestag, la Chambre du peuple, laquelle a accepté le texte, a échoué.

La Suisse a aussi entamé des discussions concernant un accord Rubik avec l'Italie et la Grèce. Les négociations avec Paris, s'annoncent elles difficiles, d'autant plus après l'échec allemand. Le président français, François Hollande, qui assimile Rubik à une «amnistie fiscale», effectuera un voyage à Berne dans le cadre d'une visite officielle en Suisse. La date doit encore en être fixée.

Grosse acquisition

Dans le contexte de crise de la dette en Europe, les banques suisses visent les marchés émergents comme terre de croissance. A cet effet, Julius Baer rachète en août à Bank of America les affaires de gestion de fortune hors Etats-Unis et Japon de Merrill Lynch.

Sur la base du transfert de 72 milliards dollars d'avoirs sous gestion, la transaction se chiffre à 860 millions de francs. Elle entraînera la disparition de quelque 1000 emplois - essentiellement à l'étranger - sur un effectif cumulé de 5700 salariés. (ats)

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