Bourse chinoise en 2008Après deux ans d'euphorie, l'année de la déconfiture
Après deux précédentes années fastueuses, la Bourse chinoise a clôturé 2008 en baisse de plus de 65% sur l'année.
Il s'agit de la plus grosse chute de son histoire, commencée avec la création de la place de Shanghai en 1990.
L'indice composite de la Bourse de Shanghai, qui regroupe des valeurs libellées en yuans et d'autres en dollars, a terminé mercredi à 1820,81 alors qu'il était à 5261,56 points le 28 décembre 2007, pourtant déjà en recul par rapport à son record du 16 octobre précédent (6124 points).
Fin 2007, l'enthousiasme pour une Bourse qui avait doublé dans l'année et augmenté de 130% en 2006 était encore de mise: les petits porteurs continuaient d'ouvrir en masse des comptes de Bourse.
Leur nombre s'est désormais considérablement réduit, échaudés par une accumulation de pertes qui ont fait partir en fumée des milliards de dollars et, pour plus d'un particulier, les économies d'une vie.
Conjonction de facteurs
La circonspection nouvelle des investisseurs est reflétée par les souscriptions de comptes-Bourse: le mois dernier, un million de nouveaux comptes-Bourse ont été ouverts, contre 2,44 millions en décembre 2007, selon les statistiques de la Société chinoise de dépôts et compensation (CSDCC). Au total, la CSDCC dénombrait fin novembre près de 123 millions de comptes-Bourse, dont un peu plus de 100 en activité réelle.
Pour Wu Youhui, analyste de GF Securities, la mauvaise performance en 2008 de la place chinoise a été liée à une conjonction de facteurs: «ralentissement des exportations (en fin d'année), marchés étrangers volatils, crise financière internationale et inquiétudes liées à la surabondance de titres».
Dès le début d'année, la place chinoise semblait en effet nerveuse face aux possibilités de récession aux Etats-Unis et à la perspective d'un afflux considérable d'actions sur le marché, en raison d'introductions et d'augmentations de capital attendues et de l'expiration de conventions de blocage (accords imposant à des actionnaires de conserver leurs titres pendant une période donnée).
Tendance négative
Pour pallier ce problème, les autorités avaient notamment décidé au printemps que ces actions en fin de convention de blocage seraient vendues dans un circuit spécial, au-delà d'un certain volume.
Sur fond de crise économique internationale et de poursuite des baisses de bénéfices des entreprises chinoises cotées, la banque d'investissement chinoise CICC (China International Capital Corporation) estime que la tendance négative de la Bourse pourrait se poursuivre en 2009: «le marché a encore de la place pour un glissement de 10 ou 20%», selon une récente note de recherche.
Mais CICC souligne également que Pékin «avait amorti l'impact de la crise financière en annonçant des séries de mesures pour stimuler l'économie» et notamment des investissements massifs dans les deux ans.
Eventuelle reprise
«La demande dans les secteurs concernés - acier, ciment, charbon, énergie - s'est relativement reprise», estime l'institut qui s'attend à de nouvelles mesures de soutien en 2009, qui «aideront l'économie à rebondir au second semestre» - et la Bourse avec.
Il n'est toutefois pas sûr que ce point de vue soit partagé par les petits porteurs. Lors d'un récent sondage du Shanghai Securities News, 70% des personnes interrogées ont annoncé leur intention de laisser tomber la Bourse en 2009.
Sur plus de 25 000 personnes ayant répondu à l'enquête, 60% avaient enregistré des pertes équivalant à celle de la Bourse. Seuls 6% avaient tiré leur épingle du jeu et réalisé des bénéfices.
(ats)