Tuerie de NewtownAprès la stupeur, les questions et la douleur
Au lendemain de la tuerie dans une école primaire du Connecticut, fatale à 20 enfants et six adultes, l'effroi et l'incompréhension persistent aux Etats-Unis.
Le débat sur le port d'armes a été relancé tandis que les enquêteurs tentent d'établir les motivations du tueur.
Adam Lanza, 20 ans, a ouvert le feu vendredi matin aux alentours de 9h30 à l'intérieur de l'école Sandy Hook de Newtown, une bourgade aisée à 130 km au nord-est de New York, où sont scolarisés des enfants de cinq à dix ans.
Tout en précisant lors d'une conférence de presse que les vingt-six victimes de la tuerie ont été identifiées, le porte-parole de la police, le lieutenant Paul Vance, n'a pas confirmé publiquement à ce stade l'identité du tireur. Il a en revanche souligné que ce dernier n'a eu aucun mal à passer les contrôles de sécurité de l'école.
Ancien élève
Selon le ««New York Times», c'est en effet la directrice Dawn Hochsprung qui a ouvert la porte de l'établissement au tireur, vêtu d'une tenue de combat. Elle-même victime de la tuerie, Mme Hochsprung connaissait Adam Lanza, un ancien élève de l'école et fils d'une ex-institutrice de l'école.
Selon la police, la fusillade s'est produite au début des cours dans deux salles de classe. Des témoins ont entendu des dizaines de coups de feu, certains parlent d'une centaine de détonations. Des enfants paniqués sont pris de vomissements, selon des témoignages.
«On leur a dit que c'était un exercice, pour qu'ils sachent quoi faire», raconté samedi Mary Ann Jacob, employée à la bibliothèque de l'école.
Adam Lanza avait auparavant tué une femme non loin de l'école - selon des médias américains, il s'agit de sa mère, Nancy Lanza, une passionnée d'armes à feu qui possédait en toute légalité des pistolets Sig Sauer et Glock, deux modèles utilisés par la police, et une carabine Bushmaster .223 M4. Après le massacre, le tueur s'est suicidé.
Fière de sa collection
Adam Lanza aurait utilisé plusieurs des armes de sa mère pour commettre ses crimes. «Elle disait qu'elle allait souvent au stand de tir avec ses enfants», raconte un habitant de la ville, Dan Holmes, à qui Nancy Lanza, très fière de sa collection, avait un jour montré une de ses armes.
Le tueur est présenté par d'anciens camarades de classe comme un jeune homme timide et très intelligent, qui avait lui-même été scolarisé à Sandy Hook.
Les enquêteurs ont travaillé toute la nuit de vendredi à samedi dans l'espoir de recueillir de nouveaux éléments sur la fusillade. Samedi matin, les corps des victimes ont été retirés de l'école et conduits à un centre de médecine légale. Le frère et le père du tireur, séparé depuis près de dix ans de sa mère, sont actuellement interrogés.
Lobby puissant
Cette nouvelle tuerie remet sous pression Barack Obama et le Parti démocrate, que les partisans d'un contrôle accru sur les armes à feu exhortent à sortir de leur prudence face au puissant lobbying de la National Rifle Association (NRA).
Emu aux larmes, Barack Obama est intervenu à la télévision vendredi pour affirmer que les Américains avaient «le coeur brisé». Il a promis «une action significative pour éviter de nouvelles tragédies comme celle-ci, sans nous soucier de politique».
Une heure après son intervention, 200 personnes se sont rassemblées devant la Maison blanche pour demander des lois plus restrictives sur la détention d'armes.
Condoléances
Vendredi soir, la population de Newtown s'est rassemblée dans les églises et les temples de la ville pour pleurer les victimes.
«Nous prions Dieu pour qu'une telle chose ne se reproduise pas, où que ce soit», déclarait Amelia Adams, 76 ans, qui se pressait avec son mari Kenneth, 81 ans, sur le chemin de l'église catholique Sainte Rose de Lima, déjà remplie d'un millier de personnes et trop petite pour accueillir tous les fidèles.
Les condoléances ont afflué du monde entier, y compris d'Iran, où le ministère des Affaires étrangères s'est ému de cette «tragédie». La présidente de la Confédération Eveline Widmer-Schlumpf a fait part de sa «consternation» et de sa «tristesse». (ats)