HommageYverdon (VD): après l’horreur, un défilé silencieux
Une Marche blanche a salué jeudi 16 mars la mémoire des victimes de la tuerie, une semaine après le drame.
Aux fleurs, aux cartes et aux dessins se sont ajoutés des pas, ceux d’une marche silencieuse partie de la maison d’Yverdon-les-Bains où un homme de 45 ans a entraîné dans la mort sa femme de 40 ans et leurs trois filles de 5, 9 et 13 ans. Une semaine après ce féminicide et ces infanticides suivis d’un suicide, une Marche blanche s’est déroulée ce soir dans la cité thermale sans banderoles ni slogans, en silence.
Jeudi dernier, les citoyens ont d’abord cru à un incendie accidentel, avant d’apprendre par la police que le père avait aspergé la maison d’essence après avoir abattu sa femme et ses enfants pour ensuite retourner l’arme contre lui.
La marche silencieuse, qui a démarré à 18h00 en direction du vieux bourg, se voulait «dédiée au recueillement et à la compassion». Elle a été organisée par la Municipalité «suite à la grande émotion et au désarroi suscités par la tragédie» survenue à la rue du Valentin.
De société
Pour Léonore Dupanloup de l’association «Stop Suicide» et Valérie Vuille de l’institut «DécadréE», la tuerie de la rue du Valentin ne doit pas être présentée comme un drame familial, une terminologie «problématique» qui «invisibilise les violences et tend à les restreindre à l’espace privé», alors que ces violences «sont structurelles et doivent être considérées comme un problème de société».
Ce problème de société, c’est «la violence dans les situations de séparation», selon l’intitulé d’un rapport fédéral établi il y a trois ans autour d’un constat: «Les situations de séparation recèlent un risque accru d’émergence de la violence domestique et un risque nettement plus élevé de violence grave, voire d’une violence entraînant la mort», même dans les couples jusqu’alors non violents.
Enfants aussi
«La fin d’une relation empreinte de violence ne signifie pas toujours que la violence s’arrête. La problématique peut s’aggraver durant la phase de séparation et après celle-ci», indiquaient les auteurs de l’étude, en précisant que «dans de nombreux cas, des enfants en sont aussi victimes».
La police enregistre chaque semaine dans notre pays un homicide ou une tentative au sein d’un couple, à quoi s’ajoutent des violences infligées par un ancien partenaire. À Yverdon, le couple en proie à des difficultés financières s’était séparé. Le père n’habitait plus avec sa famille et la mère se présentait en célibataire sur les réseaux sociaux.