Lausanne: Ateliers crochets en vogue pour aider les prématurés

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LausanneAteliers crochets en vogue pour aider les prématurés

En réponse à un appel du CHUV, des centaines de volontaires se réunissent pour créer des doudous en crochet afin de rassurer les nourrissons hospitalisés.

Pauline Rumpf
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Pauline Rumpf

Il ne fallait rien de plus qu'une bonne cause pour que Cyrielle, 25 ans, ressorte de ses tiroirs son vieux crochet. «Je ne l'avais pas touché depuis que j'avais tenté de faire une écharpe avec ma grand-mère il y a très longtemps...» Mais au début de l'année, le CHUV a publié un appel sur Facebook: l'hôpital a besoin de petites pieuvres en crochet pour accompagner et rassurer les bébés prématurés. Comme de nombreuses autres personnes en Suisse romande, Cyrielle a répondu à l'appel. Sur les quelques 3200 personnes que compte le groupe Facebook des Petites pieuvres Fils de douceur, 2500 l'ont rejoint il y a moins d'un mois.

«Les réunions attirent de plus en plus de monde, c'est très chouette à voir», confirme Carole Jaques, propriétaire de la boutique Tricot Thé, à Lausanne. Régulièrement, des groupes principalement composés de femmes, jeunes et moins jeunes, s'y retrouvent pour des «cafés pieuvres». «Il y a le plaisir d'être ensemble, évidemment, mais on s'aide aussi pour la réalisation», ajoute Aurore Nicod-Frésard, bénévole de longue date.

«On travaille dur»

En effet, n'est pas créateur de pieuvre qui veut. Le choix de la matière a des conséquences en matière d'hygiène, et celui des couleurs un impact sur la stimulation visuelle du prématuré. Question sécurité, le doudou ne doit pas pouvoir se trouer pour éviter qu'un minuscule doigt de bébé n'y reste coincé, et il ne doit pas se défaire pour que le nouveau-né ne risque pas d'avaler du coton. De plus, pour convenir à un si petit nourrisson, la taille, le poids et la dureté de la peluche sont aussi réglementés.

Des ambassadrices de l'association vérifient les créations avant de les amener au CHUV, et dans d'autres hôpitaux de la région selon les stocks disponibles. «On n'a pas envie que nos pieuvres soient recalées, alors on travaille dur», ajoute Cyrielle. Mais bien que laborieuse, l'ambiance de cet atelier crochet est finalement tout aussi joviale.

Bienfaisance créative sous toutes ses formes

Bienfaisance créative sous toutes ses formes

Le bénévolat en faveur des nouveaux-nés ne s'arrête pas aux pieuvres en crochet. Plusieurs associations fournissent des créations aux familles des nourrissons en difficulté. Les Couettes du cur sont par exemple offertes à chaque enfant hospitalisé plus de 7 jours. Des bonnets et chaussons sont tricotés et offerts au CHUV où ils sont utilisés au sein du service de néonatologie. L'association Né trop tôt offre également un cadeau aux parents d'enfant hospitalisé, comprenant un mug pour les parents et un bavoir pour l'enfant, le tout dans un sac en tissu.

Cette vague de bienfaisance n'est pas une demande de l'hôpital, indique Carole Richard, mais la proposition d'ambassadeurs d'associations, qui centralisent et inspectent les dons. «Cela sécurise la qualité et le processus de distribution», ajoute-t-elle.

Des tentacules qui rassurent

L'idée est partie du Danemark, où une maman a crocheté en 2013 une petite pieuvre pour un bébé né prématurément. Selon l'association Petite pieuvre Suisse, «celui-ci était un peu plus calme, il tirait moins sur les tuyaux et les sondes. D'autres prématurés ont ensuite reçu une petite pieuvre, et leur respiration et leur rythme cardiaque sont devenus plus réguliers, la quantité d oxygène dans le sang a augmenté.» L'idée s'est donc répandu en Suède, aux Pays-Bas, en Belgique, en France et enfin en Suisse.

«Concrètement il n'y a pas de preuve scientifique existante sur le sujet, rappelle Carole Richard, infirmière cheffe du service de néonatologie du CHUV. Mais il y a un aspect émotionnel intense au fait que chaque enfant hospitalisé reçoive un premier cadeau de naissance avec un mot d'une personne que la famille ne connait pas.» Les bénévoles fournissent donc quelques 850 pieuvres par année, distribuées à chaque nouveau-né hospitalisé en néonatologie.

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