Attentats de Madrid: les cerveaux nient en bloc
Deux des trois cerveaux présumés des attentats du 11 mars 2004 à Madrid et l'un des supposés poseurs de bombes ont refusé de reconnaître toute implication au deuxième jour de leur procès.
Les Marocains Youssef Belhadj, dit «l'Afghan», et Hassan el- Haski, alias «Abou Hamza», ont formellement nié avoir été des instigateurs des attaques contre les trains de banlieue de Madrid. Ils ont presque calqué mot pour mot leur défense sur celle exposée jeudi par le troisième cerveau présumé, «Mohamed l'Egyptien».
En fin d'audience, le Marocain Jamal Zougam, 33 ans, l'un des poseurs de bombes présumés, a nié s'être trouvé dans l'un des trains de banlieue visés par les attentats. Quatre témoins ont pourtant affirmé l'y avoir vu.
«Je dormais chez moi»
Le 11 mars 2004, vers 07h40, dix bombes avaient explosé dans quatre trains bondés, transportant des employés de bureau, des ouvriers et des étudiants vers la gare madrilène d'Atocha, faisant 191 morts et 1824 blessés.
«C'est impossible que je puisse avoir été là. Je dormais chez moi», a assuré Zougam, qui se serait ensuite rendu vers 11h00 à son commerce de cabines téléphoniques à bas prix, dans le quartier populaire de Lavapies.
Au total, treize membres de la cellule islamiste auraient embarqué dans ces trains pour y déposer les bombes activées par des téléphones portables dont certaines des cartes SIM avaient été achetées au commerce de Jamal Zougam.
Trois suspects en liberté
Seuls trois, dont Zougam, sont jugés au procès. Sept autres se sont suicidés à l'aide d'explosif le 3 avril 2004 à Léganès, dans la banlieue de Madrid, lors du siège policier de leur appartement, et trois autres ont échappé à la justice.
Selon l'accusation, les auteurs des attaques, parmi lesquels une majorité de petits délinquants marocains de Madrid convertis au jihad, avaient voulu châtier l'Espagne pour son intervention militaire en Irak, décidée par le précédent gouvernement conservateur de José Maria Aznar.
Les Marocains Youssef Belhadj et Hassan el-Haski ont adopté vendredi la même stratégie de défense que celle suivie jeudi par «Mohamed l'Egyptien», à l'ouverture du procès. «Je condamne les attentats ainsi que tout type de violence», a déclaré Belhadj, niant au passage toute appartenance à Al-Qaïda ou au Groupe islamique combattant marocain (GICM).
Il a répondu par un simple «non» à une question de son avocat lui demandant s'il avait «une quelconque relation avec les événements du 11 mars». Il a aussi nié être «Abou Doujanah l'Afghan», porte-parole d'Al-Qaïda en Europe qui apparaît sur une vidéo revendiquant les attentats, comme l'affirme l'accusation.
Le GCM «est un groupe fictif»
Autre instigateur présumé des attentats, Hassan el-Haski a également tout nié. «Je n'ai aucun lien (...) je ne connais personne à Madrid», a-t-il déclaré en réponse à une question de son avocat sur son implication éventuelle dans le massacre de Madrid.
Présenté par l'accusation comme l'ancien chef en Europe du Groupe islamique combattant marocain (GICM), affilié à Al-Qaïda, el- Haski a assuré que cette organisation terroriste n'existait pas. «C'est un groupe fictif. Je n'ai aucune relation avec ce groupe», a- t-il martelé.
Le GICM, fondé par des Marocains ayant combattu en Afghanistan, est considéré comme étant responsable des attentats de mai 2003 à Casablanca (45 morts).
Les sept principaux accusés, dont font partie les quatre accusés entendus depuis le début du procès, encourent à eux seuls une peine théorique cumulée record de 270 600 ans de prison, qui dans la pratique ne peut excéder 40 ans. Au total, 20 Arabes et neuf Espagnols sont jugés dans ce procès, qui s'étalera jusqu'en juillet avec un verdict espéré en octobre.
(ats)