Boudry (NE)Avocat et coach, il dormait avec des jeunes footballeurs et des apprentis
Au deuxième jour du procès de l’avocat et coach de juniors accusé d’actes à caractère sexuel avec des mineurs, le Tribunal s’interroge sur sa proximité avec les jeunes.
L’avocat fan de foot a intégré le FC Chaux-de-Fonds en 2018 en qualité de directeur technique mais il s’est surtout occupé des juniors.
«Est-il habituel que des jeunes dorment dans une étude d’avocats ou dans la même chambre d’hôtel que leur entraîneur de foot?» Dans sa réponse à cette question de la présidente du Tribunal de Boudry (NE), l’accusé répond sans hésiter. «Non. Cette proximité était une erreur de ma part. Mais je voulais les aider comme si j’étais leur père et non leur formateur. Je voulais qu’ils réussissent», a soutenu le quadra.
Avocat inscrit au barreau de Neuchâtel et ancien Directeur technique du club de foot de La Chaux-de-Fonds, il est poursuivi pour des actes d’ordre sexuels avec des enfants. Comme c’était déjà le cas entre 2012 et 2015, par d’autres jeunes gravitant dans le milieu du foot. Il avait été condamné avec sursis avant d’être relaxé au bénéfice du doute par le Tribunal cantonal neuchâtelois en 2017.
Jeune angoissé par une nuit à Sochaux
Les gestes et comportements pouvant prêter à équivoque ne manquent pas. Trois jeunes critiquent sa présence lorsqu’ils étaient nus sous la douche. Dans un message écrit, un plaignant lui a reproché de l’avoir obligé à se masturber. Un autre se dit angoissé depuis une nuit à Sochaux, où le coach a dormi à côté de lui dans le même lit. Cette proximité avec des footballeurs juniors dans des hôtels a semé l’incompréhension de la présidente du Tribunal envers cet homme déjà impliqué par le passé dans une affaire similaire de mœurs.
Dans la petite salle d’audience du Tribunal de Boudry, des mamans de jeunes ont eu beaucoup de peine à cacher leur exaspération face aux réponses de l’accusé, qui nie avoir eu la moindre attitude pénalement répréhensible.
«J’ai de la peine avec la distance»
«C’est difficile de mettre de la distance entre les jeunes et vous?» a interrogé la présidente. «Une fois qu’il y a des échanges, j’ai de la peine à mettre de la distance», a répondu l’accusé défendu par un trio d’avocats. «Eprouvez-vous du désir sexuel pour autrui?» enchaîne la présidente. Le quadra répond qu’il en a pour son épouse. Là, la magistrate lui signale que dans une vidéo figurant dans le dossier, il dit n’éprouver aucun désir sexuel pour sa femme. Le prévenu s’est lancé alors dans des explications alambiquées avant de déclarer que «la situation a changé». Il a fini par affirmer qu’il souffrait de dysfonctionnement érectile.
Mesure d’éloignement?
Confronté à l’hypothèse d’une mesure d’éloignement vis-à-vis des jeunes en cas de condamnation, le prévenu semble ne guère se faire d’illusions. «Je n’ai pas commis d’infractions. Mais, même si je suis acquitté, le passé restera collé sur moi. Dorénavant, je veux consacrer mon temps à ma famille, mes amis et mon travail.»
Des jeunes choisis au hasard?
Les faits reprochés datent de 2018 à 2020. L’avocat fan de foot est accusé d’avoir passé des nuits avec trois ados mineurs, de leur avoir attouché les parties génitales ou encore infligé des châtiments corporels à l’un d’entre eux. Les trois jeunes ont le même profil: difficultés scolaires et famille monoparentale avec des mamans qui faisaient confiance à celui qui passait pour un ange gardien. Un ange gardien dont l’attitude dysfonctionnelle lui a déjà valu une quarantaine de jours de détention avant jugement.
«S’il a une maîtresse, c’est le foot»
Le prévenu a fait l’unanimité sur sa passion pour le foot. Il s’est beaucoup investi auprès du club-phare de Neuchâtel. Ce qui lui a valu les félicitations des dirigeants. Depuis plusieurs années, il sillonne l’Europe pour aller voir des matchs à un rythme moyen de deux par mois. Me Freddy Rumo, un des défenseurs de l’accusé, a estimé que si celui-ci avait une maîtresse, «ce serait le foot». Interrogé sur ses préférences sexuelles, il a signalé qu’il n’était attiré ni par les hommes ni par les enfants. «Je suis fidèle. J’ai eu une longue relation avec une femme. Ça a pris fin quand la première affaire a éclaté. En 2017, j’ai connu une femme originaire de Tunisie. En tant que musulmane, elle m’a dit: «Pas de mariage, pas de sexe» et j’ai respecté», a soutenu le prévenu. Il s’est marié avec cette femme diplômée en finance, qui partagerait la même passion que lui pour le foot.
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