8 milliards sur Terre«Avoir moins d’enfants n’est pas une solution à la crise climatique»
Pour Emmanuel Pont, auteur d’un livre sur la question démographique, l’augmentation de la population planétaire n’est pas une mauvaise chose.

Image d’illustration.
La population mondiale a officiellement dépassé mardi les 8 milliards d’habitants. Mais pour Emmanuel Pont, auteur d’un livre sur la question démographique, faire moins d’enfants ne serait pas la solution face aux enjeux climatiques. Selon cet ingénieur, auteur de «Faut-il arrêter de faire des enfants pour sauver la planète?» sorti en février dernier, l’augmentation de la population sur Terre n’est pas une mauvaise chose, et encore moins la cause de la crise climatique.
«Pour moi c’est une bonne nouvelle parce que les gens vivent plus longtemps, ils meurent moins – en particulier la mortalité infantile a beaucoup baissé –, et globalement ils vivent mieux. Est-ce qu’à l’arrivée c’est une mauvaise nouvelle pour la planète? Eh bien, c’est plus complexe», explique-t-il. Souvent, surpopulation rime avec davantage de consommation, de production et donc de pollution. Et parmi les nouvelles générations, de plus en plus sont ceux qui envisagent de ne pas avoir d’enfant.
«Faut-il arrêter de faire des enfants pour sauver la planète? Ma réponse est plutôt non», déclare Emmanuel Pont à l’AFP. «D’une part à l’échelle individuelle, un enfant a un poids écologique réduit (…) Et à l’échelle de l’humanité la population mondiale est finalement un facteur extrêmement faible et négligeable par rapport à toutes les questions plus importantes de système politique, d’inégalités, d’économie, de consumérisme. Et c’est là que se trouvent les bonnes questions», pointe l’auteur.
«On peut se dire que les émissions (de CO2) de l’humanité ont augmenté à peu près au même rythme que la population, et c’est vrai numériquement», reconnaît Emmanuel Pont. Mais «aujourd’hui les pays qui ont plus de trois enfants par femme, c’est 20% de la population mondiale, mais seulement 3% des émissions», souligne-t-il.
Le milliardaire américain vs le berger africain
Dans les 8 milliards d’habitants, le «berger africain» et le «milliardaire américain» «ont un impact écologique qui n’a absolument rien à voir», relève l’auteur. «Et donc assimiler tout ça dans une population mondiale, c’est juste numérique et ça n’a pas de sens, ça ne dit absolument rien de ce qu’il se passe, sur la répartition et encore moins sur les mécanismes qui sont derrière», décrypte-t-il.
Peu satisfait des chiffres produits jusqu’à présent, Emmanuel Pont a choisi de faire ses propres calculs. «Ce que j’ai regardé c’est les effets d’une réduction de la population dans les pays riches», raconte l’ingénieur, qui a imaginé les répercussions d’une hypothétique politique draconienne de l’enfant unique en France. «Il faut attendre près de 2100 pour diviser la population par deux, c’est très très lent par rapport à des objectifs comme l’accord de Paris». Réduire la natalité a donc peu d’effets selon lui. D’après ses calculs, une politique d’enfant unique réduirait les émissions par personne et par an entre 3% et 11% en 2100. «Dans l’idéal, il faudrait qu’on soit plutôt autour de 5, 6% de réduction par an».
La barre des 8 milliards de Terriens, officiellement annoncée par les Nations unies, a été franchie en pleine conférence mondiale sur le climat, la COP27, à Charm el-Cheikh (Égypte).
Évoquant une croissance démographique «sans précédent» et reconnaissant son «impact environnemental», l’ONU a rappelé que «les pays où la consommation de ressources matérielles et les émissions de gaz à effet de serre par habitant sont les plus élevées, sont généralement ceux où le revenu par habitant est le plus élevé et non ceux où la population augmente rapidement».