Parti républicain: «Barack the Magic Negro» sème le trouble

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Parti républicain«Barack the Magic Negro» sème le trouble

Présentée comme une plaisanterie, une chanson distribuée par un responsable du parti républicain américain et intitulée «Barack the Magic Negro» (Barack, le nègre magique), met dans l'embarras un parti qui peine à se relever de ses échecs lors des dernières élections.

Reprenant le thème de la musique d'un film pour enfants, «Puff the Magic Dragon», la chanson débute par «'Barack the Magic Negro' vit à Washington», et vise évidemment Barack Obama, le président élu américain.La voix du chanteur parodie le pasteur américain Al Sharpton, célèbre défenseur de la cause des Noirs et des droits civiques aux Etats-Unis.«Avec lui les Blancs se sentent moins coupables, poursuit la chanson. Ils votent pour lui, et pas pour moi parce qu'il n'est pas du coin».Ecoutée mardi après-midi près de 280.000 fois sur le site de partage de vidéos YouTube, la chanson a été distribuée par Chip Saltsman, candidat à la présidence du parti. Les réactions ont été immédiates: c'est «un acte raciste, haineux, même pas digne d'une mauvaise blague de potache», écrit un blogueur sur le site internet Politico. «Je me languis de voir tous ces ultra-puritains à la retraite ou battus aux élections», dit-il.L'inquiétude était également perceptible dans le camp républicain. «L'utilisation du terme +nègre+ dans la chanson me met mal à l'aise», explique ainsi un internaute sur le site du très conservateur National Review magazine. Pis, Newt Gingrich, un ancien président de la Chambre des représentants, juge dans le New York Times que M. Saltsman devrait se retirer de la course à la présidence du parti, jugeant la chanson «déplacée».Les paroles de la chanson, et en particulier l'usage du terme «nègre», abordent le sujet sensible de la race, qui a souvent valu au parti républicain d'être qualifié de rétrograde. La défaite des républicains à la présidentielle et lors des élections pour le renouvellement du Congrès a été marquée par un manque de soutien de l'électorat issu des minorités ethniques.La polémique est d'autant plus mal venue qu'elle intervient alors qu'une candidate à la présidence du parti républicain, Katon Dawson, vient seulement de démissionner d'un club, auquel elle appartenait depuis plusieurs années, qui n'autorise que les membres blancs...Chip Saltsman s'est défendu en déclarant au journal The Hill que la chanson était avant tout «humoristique». Son auteur, Paul Shanklin, a pour sa part reproché aux critiques de faire dans le «politiquement correct».Pour un autre responsable républicain, Mark Ellis, président du parti républicain du Maine (nord-est), cette histoire est allée beaucoup trop loin. «Quand j'ai découvert de quoi il s'agissait, je me suis demandé: mais où est le problème? Parce qu'en fait, il n'y en a aucun», a-t-il dit.L'animateur de radio de droite Rush Limbaugh a relevé pour sa part que le thème de la chanson -le fait que les Blancs verraient Obama comme un +gentil Noir+ ne constituant pas une menace, ce qui le rend éligible- fait référence à un article écrit par un journaliste noir du Los Angeles Times, un quotidien de gauche, en mars 2007, intitulé «Obama the 'Magic Negro'».«C'est à gauche que sont les racistes. C'est la gauche qui regarde la peau des gens et ne les regarde pas pour ce qu'ils sont», a lancé Rush Limbaugh.Qu'il soit raciste ou non, Chip Saltsman a en tout cas commis une lourde faute politique, selon un bloggeur du site news.aol.com/political-machine.«Les républicains qui font attention aux relations publiques devraient réfléchir à deux fois avant de voter pour quelqu'un qui est déconnecté des moeurs de la société, incapable de mesurer ses propos et ne fait pas attention à ce que pensent les gens».

Reportage CNN sur la chanson distribuée par Chip Saltsman.

(afp)

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