IrakBarzani renonce à être président du Kurdistan
Massoud Barzani a annoncé dimanche qu'il ne sera plus président «après le 1er novembre», sur fond de crise avec Bagdad.

Massoud Barzani est toujours revêtu de l'habit kaki des combattants kurdes.
«Après le 1er novembre, je n'exercerai plus mes fonctions et je refuse que mon mandat soit prolongé», affirme Massoud Barzani dans une lettre au Parlement de la région autonome, dont l'AFP a obtenu une copie. «Changer la loi sur la présidence du Kurdistan ou prolonger le mandat présidentiel n'est pas acceptable», poursuit le président du Kurdistan irakien.
Il a été le grand architecte du récent référendum d'indépendance, qui a débouché sur la perte par les Kurdes de la quasi-totalité des territoires qu'ils revendiquaient en dehors de leur région autonome. «Je demande au Parlement de se réunir pour combler la vacance du pouvoir, remplir la mission et assumer les pouvoirs de la présidence du Kurdistan», poursuit le fondateur de cette région autonome mais aussi le responsable de sa plus grave crise.
Répartition provisoire des pouvoirs
Après la lecture de cette lettre, le Parlement a effectué une répartition provisoire de ses pouvoirs d'ici l'élection présidentielle, dont la date n'est pas encore fixée. Alors que les parlementaires étaient réunis à huis clos dans l'assemblée en soirée, des dizaines d'hommes brandissant des bâtons et des pierres se sont précipités vers le bâtiment, frappant des journalistes présents devant, ont rapporté médias et parlementaires. Les forces de l'ordre ont tiré en l'air pour disperser ces assaillants, a constaté l'AFP.
L'opposition, notamment le parti Goran qui plaide pour la démission de M. Barzani et un «gouvernement de salut national», s'oppose à la répartition des pouvoirs proposée par les grands partis kurdes, le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de M. Barzani et son rival de l'Union patriotique kurde (UPK), ont indiqué des députés.
«Rester un peshmerga»
Massoud Barzani «symbolise l'échec de la politique kurde et la seule chose qui lui reste à faire est de s'excuser publiquement», a lancé avant l'ouverture de la session Raboun Maarouf, député de Goran. Des partisans du président kurde l'ont aussitôt pris à partie. A 71 ans, le leader kurde toujours revêtu de l'habit kaki des combattants kurdes (peshmergas), y affirme encore qu'il va «rester un peshmerga dans les rangs du peuple du Kurdistan et je continuerai à défendre les acquis du peuple du Kurdistan».
Il a mis sur le compte d'une «haute trahison» la perte de la quasi-totalité des territoires disputés avec Bagdad. Il faisait référence sans les nommer aux dirigeants de l'UPK dont les combattants s'étaient retirés, le 16 octobre, sans combat de la province pétrolière de Kirkouk, face à l'armée fédérale.
Prérogatives gelées
Le mandat de M. Barzani, premier président élu de la région autonome, avait expiré en 2013. Il avait été prolongé de deux ans par le Parlement puis s'était poursuivi sans élection ni décision formelle face au chaos engendré par l'offensive du groupe Etat islamique (EI) en Irak.
Le Parlement kurde a récemment gelé les prérogatives de M. Barzani à la suite des conséquences désastreuses du référendum d'indépendance qu'il a initié. Cette consultation, où le «oui» l'a largement emporté, a créé une crise sans précédent entre Bagdad et Erbil.
Parallèlement, après des combats suivis de négociations, les Kurdes ont accepté de céder aux forces irakiennes le poste-frontière stratégique de Fichkhabour, situé aux confins des territoires turc, syrien et irakien et par où passe l'oléoduc acheminant le pétrole vers le terminal turc de Ceyhan. Ce poste-frontière se trouve pourtant dans les limites du Kurdistan irakien. (nxp/ats)