Croissance en ItalieBerlusconi «cherche à faire diversion»
En plein scandale du Rubygate, Silvio Berlusconi a proposé lundi à l'opposition de gauche un pacte pour relancer la croissance économique.

M. Berlusconi ne veut pas taxer le patrimoine des Italiens afin de réduire la dette.
Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, empêtré dans l'affaire Rubygate et dont la majorité ne tient qu'à un fil, a proposé lundi à l'opposition de gauche un pacte pour relancer la croissance économique et réduire l'énorme dette publique du pays.
Dans une lettre au quotidien Corriere della Sera, le Cavaliere propose à Pier Luigi Bersani, leader du Parti Démocrate, principal parti de l'opposition de gauche, «d'agir ensemble au Parlement (...) pour discuter sans préjugés et sans sectarisme d'un grand plan pour la croissance de l'économie italienne».
M. Berlusconi rejette catégoriquement comme «injuste et inefficace» la récente proposition de l'ancien Premier ministre de gauche Giuliano Amato de taxer le patrimoine des Italiens afin de réduire la dette. Il souhaite porter la croissance à plus de 3 ou 4% en cinq ans contre environ 1% actuellement, afin de réduire mécaniquement l'endettement qui atteint près de 120% du PIB.
Défiscalisation pour les entreprises
Ce «coup de cravache» à l'économie passerait, selon le Cavaliere, par la vente d'une partie du patrimoine immobilier public, une «vaste défiscalisation en faveur des entreprises et des jeunes», ainsi que la réforme de l'article 41 de la Constitution, proposée il y a des mois, afin d'affirmer la liberté d'entreprendre.
«Il faut une économie plus libre (...) un pays plus stable», souligne M. Berlusconi. Il prend en exemple l'Allemagne qui «a fait ce bond de libéralisations et de réformes» et dont «les résultats sont sous les yeux de tous».
La gauche a balayé d'un revers de la main cette proposition. Elle «arrive trop tard» et montre le «désespoir» du chef du gouvernement qui cherche à faire «diversion», a déclaré Enrico Letta, secrétaire adjoint du Parti Démocrate.
Faiblesse du Cavaliere
Pour Italo Bocchino, l'un des lieutenants du président de la Chambre des députés Gianfranco Fini, l'ex-allié et désormais adversaire de Silvio Berlusconi, cet appel à l'opposition de gauche est un «signal évident de la faiblesse» du Cavaliere.
Alors qu'elle avait dénoncé la semaine dernière un «gouvernement complètement paralysé», l'influente «patronne des patrons italiens», Emma Marcegaglia, a jugé en revanche «positif que l'on parle de croissance».
Le chef du gouvernement, dont la majorité ne tient qu'à un fil depuis sa rupture avec Gianfranco Fini, fait l'objet depuis fin décembre d'une enquête surnommée Rubygate. Il est soupçonné d'avoir rémunéré les prestations sexuelles d'une Marocaine mineure à l'époque des faits et baptisée «Ruby», et d'avoir abusé de sa fonction pour la faire libérer alors qu'elle avait été interpellée à Milan en mai 2010 pour un vol présumé. (afp)