Lausanne: Berne refuse son visa à un jeune Syrien rêvant d'EPFL

Actualisé

LausanneBerne refuse son visa à un jeune Syrien rêvant d'EPFL

Pourtant admis par la haute école, un étudiant de Damas ne peut poursuivre son cursus d'études en Suisse.

Joël Espi
par
Joël Espi
La tante du jeune Syrien essaie de le faire venir en Suisse.

La tante du jeune Syrien essaie de le faire venir en Suisse.

Abed, 18 ans, a obtenu 9,6/10 au bac. Il vient d'une famille d'universitaires syriens de Homs, parle français et anglais. Il rêve de venir étudier l'informatique à l'EPFL. Mais l'Office fédéral des migrations (ODM) ne l'entend pas de cette oreille, et lui a notifié le rejet de sa demande de visa étudiant le 9 septembre, puis de son recours le 1er octobre. Une autre demande est actuellement pendante au Tribunal administratif fédéral.

Le jeune avait pourtant bénéficié d'un délai supplémentaire d'un mois pour la rentrée en attendant la décision de Berne. Sa tante, qui vit dans le canton de Vaud, se bat depuis 2013 pour le faire venir (lire encadré). «Mes filles ont lancé une pétition et nous avons recueilli un millier de signatures», raconte-t-elle.

Le jeune homme s'est lancé avec succès dans des études d'informatique à l'Université de Damas. Un argument qui joue contre lui, puisque l'ODM a estimé que «la nécessité d'étudier» à l'EPFL n'était «pas démontrée de façon péremptoire», explique-t-il dans sa décision. L'office craint également qu'Abed n'ait plus envie de rentrer chez lui après ses études. Et un éventuel «rapatriement sous contrainte» serait difficile, voire impossible vu la situation qui règne en Syrie. «Il aurait mieux fait de demander un visa humanitaire, explique-t-on à l'ODM, mais il faut que sa vie soit menacée.» Sa tante estime que c'est le cas s'il arrête ses études. «Il est en âge d'être enrôlé dans l'armée», se désole-t-elle.

Une famille apeurée en quête d'exil

En 2013, Abed a entrepris les démarches pour venir en Suisse, mais il a dû repousser son initiative, car il recevait son bac trop tard. En avril 2014, alors que sa demande avait été réitérée, le quartier où vivent son oncle et son père a été la cible de tirs de mortier. Gravement blessé, ce dernier a frôlé la mort. Décision a été prise, avec le reste de la famille, de quitter temporairement le pays. Toutes les demandes sont envoyées depuis l'ambassade de Suisse à Beyrouth, à un peu plus de 200 km de Homs. Rejetées à leur tour, elles font l'objet d'un recours.

Haute école prisée des élèves étrangers

A chaque rentrée, l'école compte plus d'un tiers d'étudiants étrangers, dont la plupart sont issus du système français. «Cinq à dix personnes n'obtiennent pas de visa, explique Madeleine von Holzen, mais nous n'en connaissons pas les raisons précises.» Pour la porte-parole de l'EPFL, ce nombre reste marginal et les refus peuvent être simplement dus à un dossier incomplet ou rendu trop tard. Outre Abed, deux autres étudiants syriens ont été admis cette année au cours de mathématiques spéciales (CMS). Près de la moitié des étudiants intégrés à cette ­filière préalable – obligatoire pour certains – sont étrangers.

Ton opinion