Biodiversité: Un instagrameur insulte des plantes, ses vidéos deviennent virales

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BiodiversitéUn instagrameur insulte des plantes, ses vidéos deviennent virales

Robin König, 24 ans, publie sur Instagram des reportages depuis son jardin. Il sensibilise ainsi à la disparition des espèces, mais a également réussi à se créer un job à plein temps, sans même avoir terminé sa formation.

Sebastian Sele
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Sebastian Sele
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L’instagrammeur Robin König s’inquiète pour l’environnement: «J’ai 24 ans et je trouve effrayant de voir que, à mon âge, les espèces se raréfient et qu’il fait de plus en plus chaud.»

L’instagrammeur Robin König s’inquiète pour l’environnement: «J’ai 24 ans et je trouve effrayant de voir que, à mon âge, les espèces se raréfient et qu’il fait de plus en plus chaud.»

YOUTUBE/ROBINGASCHNOGELROGEL2351
«Nous sommes à un tournant historique et avons besoin d’un changement radical», déclare l’instagrammeur Robin König face à la crise de la biodiversité et du climat.

«Nous sommes à un tournant historique et avons besoin d’un changement radical», déclare l’instagrammeur Robin König face à la crise de la biodiversité et du climat.

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Dans sa série virale publiée sur Instagram et intitulée «Pflanzen, die ich hasse» («Plantes que je déteste»), le Berlinois Robin König présente des espèces végétales invasives qui menacent les plantes indigènes.

Dans sa série virale publiée sur Instagram et intitulée «Pflanzen, die ich hasse» («Plantes que je déteste»), le Berlinois Robin König présente des espèces végétales invasives qui menacent les plantes indigènes.

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«Pas de nectar, pas de pollen», lâche Robin König devant la caméra de son smartphone. Autour de lui, les fleurs jaunes d’un forsythia. «Simplement un bouquet de fleurs qui se moque des abeilles», poursuit le jeune homme de 24 ans. Il télécharge cette vidéo sur Instagram, qui devient vite virale.

La première contribution de Robin König à la série «Pflanzen, die ich hasse» («Plantes que je déteste») a recueilli à ce jour près de 1,5 million de vues. Et ce ne sera pas la dernière vidéo de l’autoproclamé «Plantfluenceur» à franchir la barre de la centaine de milliers de vues. La haie de thuyas? «Aucune valeur écologique ajoutée et aussi utile qu’une place de parking». Près de 900’000 vues. Le laurier-cerise? «En fait, un parasite. Si toxique qu’on ne peut même pas le composter». Quelque 350’000 vues.

Un «Armageddon écologique», selon les chercheurs

Qui est-il? Comment est-il devenu une star des réseaux sociaux grâce à des contenus dédiés aux plantes? «Je suis simplement un type qui aime la nature», répond le Berlinois à 20 Minutes. Dans sa jeunesse, le film «La planète des singes» lui a fait prendre conscience des menaces qui pèsent sur l’orang-outan. L’intérêt de Robin König pour les questions environnementales a été éveillé et ne l’a jamais lâché: «Un jour, durant mon travail, j’ai lu l’étude de Krefeld et j’étais à deux doigts de pleurer», se souvient-il. Cette recherche, publiée en 2017, concluait que la population d’insectes avait diminué de trois quarts au cours des trois dernières décennies.

Les chercheurs ont alors parlé de la menace d’un «Armageddon écologique», la mort des insectes ayant des répercussions sur l’ensemble de la vie sur terre. La biodiversité et le climat sont en effet étroitement liés. «Des écosystèmes sains stockent d’énormes quantités de gaz à effet de serre et atténuent les conséquences d’événements météorologiques extrêmes», explique le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du développement.

Les plantes indigènes en difficulté

«J’ai 24 ans et je trouve effrayant, à mon âge, de voir que les espèces se raréfient et qu’il fait de plus en plus chaud», s’alarme Robin König. Il y a trois ans, il a donc décidé de transformer son jardin en espace naturel. Il abandonne alors sa formation bancaire et commence à produire du contenu depuis son jardin. Sur YouTube, il présente à quelques centaines d’amis et de fans des aperçus de son «paradis» vert. Puis, en 2023, il télécharge ses vidéos sur Instagram. «Et ça a explosé», explique-t-il. Bien que Robin König n’ait jamais suivi de formation, il parvient désormais à vivre en produisant du contenu pour sa chaîne et celle de ses clients. «Il s’agit là d’un beau voyage, qui me procure beaucoup de plaisir.»

Les néophytes (plantes exotiques qui ont été introduites dans un milieu naturel), tels que Robin König les appelle dans sa vidéo virale sur le forsythia, existent aussi en Suisse. L’organisation de protection de l’environnement Pro Natura estime que sur près de 3000 espèces de plantes sauvages, environ 600 sont exogènes. Et une sur dix serait invasive. En d’autres termes, comme elles manquent de prédateurs naturels, elles se propagent à une vitesse fulgurante et mettent en péril les plantes et les animaux indigènes.

Les autorités s’activent

C’est pourquoi les autorités se mobilisent face à ces néophytes. Certains cantons fournissent des conseils pratiques sur la manière dont chacun peut agir pour lutter contre ces plantes nuisibles. Le canton de Zurich, par exemple, présente une liste des néophytes que l’on voit souvent dans les jardins, avec des informations quant à leur élimination et les plantes qu’il est possible d’utiliser en remplacement. Ainsi, le vinaigrier peut sans problème être troqué contre un sorbier des oiseleurs.

L’organisation de protection de l’environnement Pro Specie Rara, elle, a choisi une autre voie: elle gère une séminothèque qui doit permettre de diffuser à nouveau plus largement quelque 1700 espèces végétales rares. Cette organisation soutient en outre l’initiative en faveur de la biodiversité, qui souhaite inscrire une plus grande protection de la biodiversité dans la Constitution.

«Un tournant historique»

«Nous avons atteint un tournant historique», déclare l’instagrameur Robin König en évoquant la crise de la biodiversité et du climat. «Nous avons besoin d’un changement radical», poursuit-il. De quel ordre? «Au lieu de nous accuser mutuellement, nous devrions trouver ensemble des solutions permettant la décarbonisation et évitant l’extinction des espèces», estime Robin König. Selon lui, la peur et le conflit entre les générations n’aident pas.

Quelques semaines après le lancement de sa série Instagram sur les néophytes, il a créé son pendant: «Pflanzen, die ich liebe» («Plantes que j’aime»). «Dans mon jardin, il y a plus de plantes que j’aime que de plantes que je n’aime pas», souligne-t-il. Son attitude trouve également un écho à l’aune de la crise environnementale: il faut rester optimiste. C’est pourquoi le jeune homme de 24 ans continue, contre vents et marées, à produire des vidéos depuis son jardin où il informe des millions de personnes sur la situation de la biodiversité.

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