SuisseBlocher a-t-il piloté la chute d'Hildebrand?
L'ancien conseiller fédéral était en contact étroit tout au long de l'affaire avec Roger Köppel, le rédacteur en chef de la Weltwoche.
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Le procès de l'affaire Hildebrand, qui a poussé le président de la Banque Nationale Suisse (BNS) à la démission, a démarré ce mercredi matin. Il permettra aussi d'établir le rôle de certains protagonistes.
Comme celui de Christoph Blocher qui s'est toujours présenté comme un simple «facteur» dans cette affaire, se bornant à informer Micheline Calmy-Rey, alors présidente de la Confédération, des transactions en dollars de l'ex-épouse du président de la BNS.
La justice a bien reconnu que l'ex-conseiller fédéral n'avait pas enfreint le secret bancaire, lui allouant un dédommagement de 133'000 francs. Mais l'homme fort de l'UDC a eu un rôle bien plus actif qu'il a bien voulu le laisser entendre jusqu'à présent.
Des contacts très intenses
Entre le 3 et le 11 janvier 2012, au plus fort de l'affaire, Christoph Blocher a ainsi échangé plus de 100 SMS et contacts téléphoniques avec Roger Köppel, le rédacteur en chef et directeur de la Weltwochequi avait publié l'affaire, comme l'explique le Tages-Anzeiger dans son édition du 30 mars.

Les deux hommes étaient déjà en contact intensif avant la publication par la Weltwoche. En novembre et encore plus en décembre 2011. C'est à ce moment que Reto T., employé de la Banque Sarasin, et le député au Grand Conseil thurgovien Hermann Lei ont informé Christoph Blocher de l'existence d'un compte appartenant à Philipp Hildebrand. Peu avant Noël, la BNS dément les rumeurs qui commençaient à monter. Christoph Blocher appelle ensuite Urs Paul Engeler, journaliste à la Weltwocheet à Noël, Roger Köppel.
Christoph Blocher à la manoeuvre?
Le contenu de ces entretiens reste mystérieux. Le conseil fédéral a fait jouer la protection des sources journalistiques et le Tribunal fédéral lui a donné raison, interdisant au Ministère public d'avoir accès aux SMS et autre e-mails échangés dans ce cadre.
Mais la justice a pu consulter le relevé téléphonique d'Hermann Lei, qui est contacté une deuxième fois par Christoph Blocher le 27 décembre. Le conseiller fédéral a appelé ensuite le matin du Réveillon Urs Paul Engeler, qui a contacté dans l'après-midi le conseiller thurgovien. Dans la nuit de la Saint-Sylvestre, Christoph Blocher a informé Micheline Calmy-Rey.
Des messages troublants
Le 1er janvier, Urs Paul Engeler a repris contact avec Hermann Lei, lui conseillant de porter le coup fatal. Il lui propose de demander au collaborateur de Sarasin une interview anonyme avec la Weltwoche. Il a envoyé les questions mais comme le banquier a refusé de répondre, ce fut donc Hermann Lei qui s'y est astreint.
Roger Köppel a ensuite communiqué intensément avec le conseiller fédéral, son journaliste Engeler et Hermann Lei. Le rédacteur en chef voulait parler avec ce dernier. Peu après, le député écrit à Reto T.. «Le chef va s'assurer que tu aies une place. Envoie-lui ton dossier pour qu'il sache ce que tu peux faire», lui a-t-il demandé.
Tout va très vite
Lors de l'enquête, tant Hermann Lei que Christoph Blocher ont démenti avoir promis une place et un avocat à l'employé de Sarasin. A la réunion de la nouvelle année de l'UDC au Lac de Constance, Christoph Blocher demande à voir Hermann Lei. A la suite de cet entretien, le député promet à Reto T. un avocat «dont le financement est assuré». La même journée, le 5 janvier, Philipp Hildebrand reconnaît ses torts devant la presse, avant de démissionner quelques jours plus tard.
Christoph Blocher a toujours affirmé qu'il ne s'était jamais entretenu de cette affaire avec Roger Köppel jusqu'à la mise en cause de Philipp Hildebrand. Quant au rédacteur en chef de le Weltwoche, il ne parle jamais de ses sources mais explique que son hebdomadaire «effectue toujours des recherches très intensives».