Suisse: Bolide de 400 chevaux «pas pour les auto-écoles»

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SuisseBolide de 400 chevaux «pas pour les auto-écoles»

Après un accident survenu la semaine passée à Veltheim (AG), les moniteurs de conduite débattent sur la puissance que devraient avoir leur voiture.

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Un jeune apprenti conducteur de 18 ans a perdu la maîtrise de son véhicule, une BMW de 400 chevaux, en plein cours d'auto-école avec son moniteur, lundi 3 août à Veltheim (AG).

Un jeune apprenti conducteur de 18 ans a perdu la maîtrise de son véhicule, une BMW de 400 chevaux, en plein cours d'auto-école avec son moniteur, lundi 3 août à Veltheim (AG).

Un nombre grandissant d'auto-écoles disposent de voitures puissantes. Celles-ci sont alors souvent mises en évidence sur les sites internet des établissements en question. «Beaucoup d'apprentis conducteurs accordent de l'importance au modèle de la voiture avec laquelle ils vont apprendre à rouler», confirme Willi Wismer, président de l'association zurichoise des moniteurs d'auto-école.

Mais un accident de la route, survenu la semaine dernière dans la localité argovienne de Veltheim, place au centre du débat la puissance que les voitures d'auto-école devraient avoir. Un jeune de 18 ans avait perdu la maîtrise d'une BMW en plein cours de conduite. Il avait percuté frontalement une auto arrivant en sens inverse. Au total, trois personnes avaient été blessées. Peu après les faits, le président de l'association argovienne des professeurs d'auto-école, Thomas Stalder, avait affirmé sur Tele M1 que les BMW à 400 chevaux n'étaient pas adaptées pour les apprentis conducteurs.

«C'est important d'apprendre à rouler avec ces véhicules»

Son collègue zurichois, Willi Wismer, ne partage pas son avis. Il craint que les élèves, ayant appris à rouler avec une voiture peu puissante, ne soient dépassés lorsqu'ils conduiront une auto avec davantage de chevaux, une fois le permis en poche. Pour Daniel Koster, prof d'auto-école saint-gallois, le parfait véhicule d'auto-école doit être au sommet de la technique. «Et le moniteur doit, lui aussi, se sentir à l'aise dans l'auto», précise-t-il. Sa première voiture était une Ford Focus ST à 235 chevaux. «A l'époque, tout le monde m'a demandé si j'étais taré. Mais mes élèves conduisent précisément ce type de véhicules une fois qu'ils ont passé le permis. C'est important d'apprendre rapidement à rouler avec ce type de véhicules.»

L'avis de Dirk Vos de Mooij, prof d'auto-école à Gansingen (AG), est un peu plus nuancé. Selon lui, une auto à 150 chevaux suffirait largement. Il ajoute cependant: «Le moniteur doit pouvoir accélérer rapidement en cas de besoin. Les voitures trop lentes peuvent également être dangereuses.»

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«C'est complètement absurde et ridicule»

Le moniteur lausannois Yvan Caillat estime pour sa part que les bolides n'ont pas leur place dans l'apprentissage de la conduite. «En tant que moniteur, nous avons le devoir de sensibiliser nos élèves à une conduite sécuritaire et à un comportement adéquat dans la circulation vis-à-vis des nombreux partenaires de la route. Nous devons également les former à une conduite respectueuse de l'environnement; comment pourrais-je faire passer le message en arrivant avec un bolide de plus de 200 chevaux?» Yvan Caillat préfère concentrer ses efforts pour sensibiliser les jeunes aux dangers de la route au lieu de leur apprendre à maîtriser une voiture très puissante. «On pourrait penser que de posséder une voiture puissante et tape à l'œil nous amènera plus de clients. Mais quel genre de clientèle va-t-on attirer? Me battre durant toute la formation avec un élève pour qu'il comprenne que la route n'est pas un défouloir ne m'intéresse pas.»

Même son cloche auprès de Gilles Graf, président de l'association des montagnes neuchâteloises des auto-écoles et membre de la fédération romande des écoles de conduite. «Avoir trop de chevaux ne sert à rien du tout. C'est complètement absurde et ridicule. Pourquoi avoir une voiture aussi puissante si on n'utilise jamais tous les chevaux qu'elle a ? C'est sûr que la voiture doit pouvoir accélérer assez rapidement, mais trop de chevaux ne servent à rien.» Gilles Graf possède actuellement une Mini Cooper. Pour lui, des voitures du genre sont idéales pour apprendre à conduire. «Dans le temps, j'ai eu une BMW Z3. Les autres moniteurs me disaient que cette voiture allait attirer beaucoup d'élèves conducteurs. Mais au final, cette voiture m'a fait perdre des apprentis. Les jeunes ne l'aimaient pas. Ils n'appréciaient pas rouler avec et ne se sentaient pas à l'aise. Lorsque j'ai changé la BMW contre une auto plus conventionnelle, des experts m'ont dit que j'avais bien fait.»

Gilles Graf précise par ailleurs que les voitures empruntées aux moniteurs mandatés par L-2 Neuchâtel et Arc Jurassien pour les deux jours de cours obligatoires n'ont pas le droit de dépasser les 150 chevaux.

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