Braquage de Chavornay: un procès à la périphérie du crime

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Lyon (F)Braquage de Chavornay: un procès à la périphérie du crime

Le hold-up du fourgon blindé survenu en 2018 est jugé en l’absence des principaux suspects.

Richard Schittly
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Richard Schittly
Le fourgon avait été braqué par trois hommes lourdement armés. 

Le fourgon avait été braqué par trois hommes lourdement armés. 

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Un suspect assassiné, un accusé en cavale, un autre hospitalisé la veille. Sur six accusés, seulement trois hommes, âgés de 30 à 48 ans, comparaissent depuis mercredi matin devant la cour d’assises de Lyon, pour répondre du brigandage de Chavornay (VD). Ce qui donne l’impression d’un procès en périphérie du crime, alors que l’affaire concerne une des plus importantes incursions du banditisme lyonnais en territoire suisse.

Le 8 février 2018, un commando a détourné un fourgon de la société SOS Surveillance sur l’autoroute en Genève et Lausanne, alors que des complices séquestraient, à Lyon (F), la fille du conducteur du fourgon, pour le contraindre à exécuter leurs ordres. Le cerveau présumé n’a jamais été arrêté. Il a pris un avion pour la Thaïlande, quelques jours après l’attaque.

«Je ne connais personne»

«Je ne connais personne, je les découvre aujourd’hui», assure, la main sur le cœur, Pascal G., qui ne veut rien dire de plus «par mesure de sécurité». À l’audience, l’homme avoue uniquement le recel de mallettes dans son garage de l’Ain, à la demande «d’un ami d’enfance de Vaulx-en-Velin».

À l’intérieur 2,5 millions de francs en différentes devises. Pas question pour lui d’en dire plus. La peur rôde dans ce dossier. Un butin de 22,5 millions reste dans la nature, et la police judiciaire décompte trois assassinats liés aux suites de ce braquage. «Je n’ai rien à voir», affirme un autre accusé, suspecté d’avoir effectué des repérages, au volant de la Porsche Macan utilisée par l’équipe, volée à Genève.

Un espion dans la société de transport de fonds ?

Particularité assez rare, l’ancien convoyeur de la société suisse de transport de fonds est suspecté d’avoir renseigné l’équipe des malfaiteurs lyonnais, victime de l’attaque. Yucuf K. figure parmi les accusés. Pour l’accusation, il aurait reçu 605’000 francs en échange de sa trahison, laissés sur place par les braqueurs. «Ça fait quatre ans que j’attends ce moment-là. J’aimerais être lavé de tous les soupçons», dément-il, dès le début de l’audience. Fine barbe, voix un peu plaintive, l’homme rejette les accusations. Les enquêteurs le soupçonnent aussi d’avoir joué un rôle dans une précédente tentative de brigandage, à Daillens (VD) en janvier 2017, dans des circonstances similaires. Ce qui devrait être évoqué au procès de Lyon.

Des enquêteurs suisses très attendus

Des enquêteurs genevois sont attendus cette semaine à la barre de la cour d’assises. Les jurés français espèrent mieux comprendre les relais des voyous lyonnais dans le canton de Vaud. Notamment le rôle d’un loueur de voitures de luxe, condamné  dans le volet suisse de l’affaire de Chavornay.

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