Genève: Bureaux mués en appart: loi creuse ou pas en avant?

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GenèveBureaux mués en appart: loi creuse ou pas en avant?

L'Etat juge inefficace le texte voté en 2015 pour changer les locaux commerciaux en appartements. C'est faux, clame le père du projet.

David Ramseyer
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David Ramseyer
Le député MCG Ronald Zacharias, père du projet, et le conseiller d'Etat chargé du logement Antonio Hodgers:  deux hommes en opposition, deux réalités à des années-lumière l'une de l'autre.

Le député MCG Ronald Zacharias, père du projet, et le conseiller d'Etat chargé du logement Antonio Hodgers: deux hommes en opposition, deux réalités à des années-lumière l'une de l'autre.

photo: Keystone

La promesse de 220 logements par an avait convaincu près de 58% des Genevois d'accepter en juin 2015 une modification de loi pour faciliter la transformation de bureaux vacants en appartements. Mais en neuf mois, la mesure n'en a «péniblement produit qu'une dizaine», a affirmé ce mardi Antonio Hodgers dans «Le Temps»

Selon le conseiller d'Etat chargé du Département du logement (DALE), on est donc très loin du compte, même en extrapolant sur un an. Contacté, le MCG Ronald Zacharias s'insurge: «C'est une contre-vérité!» Le père du projet, également promoteur immobilier et avocat, dénombre lui 80 appartements créés entre l'été passé et janvier 2016. «Soit au final 180 sur un an. Ce n'est pas rien puisque cela représente environ 20% de la production de logements à Genève en une année», d'après l'élu.

Mode de calcul différent

L'écart important entre les deux calculs est dû au fait que l'Etat ne comptabilise que les locaux qui ont nécessité une autorisation pour être transformés, selon le député. «Mais 70 des 80 logements nouvellement créés n'en ont pas eu besoin car ils étaient déjà équipés, en cuisine par exemple», assure Ronald Zacharias. Les chiffres cités par l'élu MCG proviennent d'estimations des milieux immobiliers. «Le conseiller d'Etat Vert Antonio Hodgers dénigre les effets de mon projet pour rassurer son camp qui y était opposé, et pour préparer la votation du 5 juin 2016 sur une nouvelle modification de la loi sur le logement (LDTR)».

Le patron du DALE fait une autre lecture de la situation: «Tout changement d'affectation nécessite une autorisation», affirme Antonio Hodgers. Certes, la LDTR n'impose plus aujourd'hui d'autorisations systématiques suite au vote de 2015, «mais les 70 logements dont parle Ronald Zacharias restent soumis à la Loi sur les constructions (ndlr: LCI art. 1). S'ils ont été transformés sans permission, c'est illégal.» Le conseiller d'Etat maintient que seuls 11 logements ont été créés depuis le scrutin de juin dernier et qu'une douzième demande est actuellement à l'étude.

En réalité, il n'existe nulle part de statistiques détaillées sur le nombre de bureaux vacants transformés en appartements. C'est d'ailleurs une faille du système informatique de l'Etat, admet le DALE. Ce dernier promet une décompte précis l'été prochain.

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