Cali, nouvel album: «C'est mieux de murmurer pour être percutant»

Actualisé

Cali, nouvel album«C'est mieux de murmurer pour être percutant»

Cali est de retour avec «Vernet Les Bains». Il propose une nouvelle facette de sa personnalité. Le chanteur Perpignanais de 44 ans s'explique.

par
Fabien Eckert

Pourquoi avoir baptisé ce 5e album «Vernet-les-Bains»?

C'est un village dans les Pyrénées Orientales, près de Perpignan. J'y suis venu au monde et j'y ai vécu jusqu'à 23 ans. C'est là où je me construit. Ça a été aussi le village de mes premières fois. C'est mon refuge. D'ailleurs cet album aurait aussi bien pu s'appeler «Le Refuge».

Ce disque est plus dépouillé musicalement que les précédents. Avec certains titres interprétés piano-voix ou guitare voix. Pourquoi ce choix?

D'abord, j'étais arrivé au bout de quelque chose avec mon album précédent. Sur ce dernier, j'ai livré tout ce que j'écoutais: punk, pop, rock. Une tournée très électrique a suivi. Comme mes oreilles sifflaient, j'avais envie d'autre chose. Je suis donc parti en tournée avec Steve Nieve, le pianiste d'Elvis Costello. J'ai composé et réalisé ce nouvel album alors que nous étions sur les routes. Du coup, cet aspect acoustique est naturellement ressorti. Je me suis aussi rendu compte que pour dire des choses percutantes c'est beaucoup plus fort de les murmurer plutôt que de les hurler. Bruce Springsteen, dont je suis fan, a ce talent de pouvoir autant commettre des titres avec un torrent de basse, de guitare et de batterie que des morceaux tout à fait posés.

Cet album est donc un nouveau Cali?

Complètement. D'ailleurs, cette idée de nouveauté me plaît bien. Nouveau signifie pour moi «jeune». Ce qui veut dire que si je suis jeune j'ai encore du temps à vivre.

Du coup les textes prennent plus d'importance avec une musique plus simple...

Oui. Le choix du réalisateur a été primordial. Je voulais quelqu'un qui comprenne que ça ne servait à rien d'aller plus loin qu'une compo guitare-voix. Frédéric Lô a été cette personne. Il a saisi parfaitement ce que je voulais. Dès qu'il a entendu mes premières maquettes, il m'a dit qu'il allait juste mettre un peu de coton autour de mes morceaux.

Thème récurrent dans vos paroles, la souffrance liée à l'amour. Dans «Venez me chercher» vous dites qu'elle forge le caractère...

C'est mon cas. J'aime écrire des chansons d'amour tragiques. Si tout est beau et calme dans une histoire, ce n'est plus de l'amour mais un téléfilm pourri. Dans toutes mes chansons, je décris des moments de ma vie. Par amour, je pourrais sauter par la fenêtre ou me mettre nu à genoux un bouquet de fleurs à la main. Je pense qu'il ne faut pas cacher les plaies de l'amour. Parfois j'aime bien gratter les balafres de la vie pour me faire mal. Si je devais résumer, je dirai que cet album, c'est le désespoir lumineux des loosers magnifiques.

Grande souffrance également dans «Je rêve de voir l'été» où vous abordez le cancer...

J'ai perdu mes parents alors que j'étais jeune à cause de cette saloperie. Mais cette chanson parle d'une fille de ma bande, un p'tit bout de joie, qui a été touchée par la maladie. J'étais bouleversé de l'apprendre. Ce titre raconte mes sentiments à ce moment-là. Fort heureusement, aujourd'hui elle s'en est sortie. Si ce n'avait pas été le cas, je n'aurais pas mis la chanson sur l'album.

Pourquoi finir votre disque avec le titre «Happy end» avec Mathias Malzieu, Bénabar, Miossec ou Dominique A?

Parce que c'est eux, mes potes, qui m'ont fait remarquer que j'étais un déconneur et que je finissais parfois nos bouffes à faire le con sur la table. Malgré cela, j'écris toujours des chansons sombres. Je leur réponds que j'aimerais écrire des trucs gais mais je n'y arrive pas. C'est un titre plein d'autodérision avec mes proches qui me font la morale. Cet état de fait me donne le sourire. Je voulais terminer mon disque dans la rigolade.

Comment concilier sur scène ce dépouillement avec vos habituels concerts tonitruants?

On peut très bien avoir des chansons touchantes et être énergique sur scène. Un titre, c'est un simple squelette. Pour le live, on l'habille soit avec une nuisette pour aller au lit soit avec un veston de paillettes qui clignote. Bruce Springsteen et son E-Street Band le font à merveille.

D'où puisez-vous votre énergie pour toujours être aussi explosif sur scène?

Je me drogue. Non je déconne! (rires) Mais certains sont sûrs que je prends des trucs illicites pour avoir autant de pêche. Je fais simplement beaucoup de sport. J'ai toujours une préparation physique avant une tournée. En plus, je me dis toujours que j'ai une chance énorme avant de monter sur scène. A l'image d'un gamin, un concert c'est ma récréation où je peux faire tout et n'importe quoi.

Mathias Malzieu de Dionysos perçoit la scène comme un transe...

On se rejoint là-dessus. On a parlé de ce sujet. Comme lui, il m'est arrivé de grimper sur des hautes structures. Or, d'habitude, j'ai le vertige. La scène m'emporte. Je suis ailleurs. Avant un concert, je ne bois pas une goutte d'alcool pour profiter de ce moment au maximum. Revers de la médaille, après un live, je ne me couche jamais avant six ou sept heures. J'ai besoin de redescendre avant de dormir.

Quel est votre avis sur le public suisse?

Il y a ici quelque chose de troublant. Chez moi, dans le sud, on va à un concert comme on va faire la fête ailleurs. En Suisse, il y a un amour de la musique et une précision dans la critique qu'elle provienne des médias ou du public. Quand c'est bien, on le ressent dans les impressions qui sont très puissantes. Quand c'est moyen, aussi. A la différence près que ça nous met un gros coup de pied au cul.

«Vernet Les Bains»

Déjà disponible.

Cali en concerts

Le 14 mars 2013 à Voix de Fête, Genève.

Le 15 mars 2013 au Complex 3D, Porrentruy.

Ton opinion