Genève«C'est ridicule d'avoir à défendre la science»
Plus de 600 scientifiques de tous horizons ont participé samedi à la Marche pour la science à Genève. Une mobilisation qui a eu lieu dans 500 villes à travers le monde.
- par
- Julien Culet
Les manifestants veulent proclamer que la science profite à l'humanité
«Make science not war» (faites de la science, pas la guerre), «Einstein was a refugee» (Einstein était un réfugié), «In science we trust» (nous croyons en la science). Ce sont des slogans bien inhabituels qu'ont brandi quelque 600 manifestants autour de la rade, ce samedi. Une Marche pour la science s'est déroulée à Genève, comme dans plus de 500 autres villes à travers le monde. Les chercheurs ont privilégié l'internationale Cité de Calvin comme théâtre du seul événement suisse du genre.
Venus du CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire), de l'Ecole polytechnique de Lausanne ou encore des différentes universités du pays, les scientifiques ont défilé en musique, à partir de 11h, du Jardin Anglais au jet d'eau et retour. Le but était de défendre la science contre les menaces de la politique. «Le tournant a été l'élection de Donald Trump», explique James Beacham, physicien au CERN et organisateur de la marche genevoise. Lois anti-immigration qui empêchent la libre circulation des «cerveaux», coupes dans les domaines scientifiques ou encore nomination de climatosceptiques à des postes clés sont dans le viseur des manifestants.
Modèle suisse
«La menace n'est pas seulement aux Etats-Unis, poursuit le scientifique. Il y a également la France avec les politiques que veulent mener certains candidats à l'élection présidentielle, le Royaume-Uni avec le Brexit qui va restreindre la liberté de circulation, et bien d'autres pays.» James Beacham rapporte que la Suisse fait figure d'«exemple» pour lui et ses confrères. «Cette marche à Genève est aussi une célébration. Ici, les pouvoirs publics sont attachés et ouverts à la science.»
Les participants à la marche ne se disent pas forcément surpris de devoir se mobiliser pour défendre leurs travaux. «Il y a une tendance à être contre la science qui n'est pas nouvelle. Aux Etats-Unis, cela avait commencé avec Bush, regrette Tamsyn, qui travaille dans le domaine de la santé publique, à Genève. Il faut se mobiliser et éduquer les enfants.» Barret, biologiste à l'université de Lausanne, trouve «ridicule d'avoir à défendre la science. Elle améliore le monde. Nous devons donc communiquer avec le public sur ce que nous faisons». Tom, cosmologiste à Zurich, va dans son sens: «En tant que scientifiques, nous ne pouvons pas rester dans notre bulle en espérant que cela se fasse tout seul».