FranceCahuzac ou le «procès du Pinocchio de Bercy»
La presse de l'Hexagone se gausse de l'ancien ministre du Budget, dont les mensonges ont un peu plus décrédibilisé la classe politique.

Jérôme Cahuzac est devenu en France la symbole du Faites ce que je dis mais pas ce que je fais.
Le procès de l'ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac, qui doit s'ouvrir lundi mais pourrait être reporté, est d'abord pour la presse «le procès du mensonge» du «Pinocchio de Bercy» qui a «fait sauter la République exemplaire».
Stéphane Durand-Soufflant, qui surnomme Cahuzac le «Pinocchio de Bercy» dans Le Figaro, rappelle que l'ancien ministre du Budget avait commencé par «nier la moindre malversation. Avant de devoir avouer, tant les preuves s'accumulaient.» «Cahuzac, le procès des mensonges», titre l'Humanité de son côté.
«C'est l'homme qui a fait sauter la République exemplaire», estime Henri Vernet dans le dossier que consacre Le Parisien/Aujourd'hui en France à l'affaire, alors que Frédéric Vézard dans son éditorial assène que Cahuzac par son «comportement caricatural - le fameux Faites ce que je dis mais pas ce que je fais - fut aussi un coup de poignard dans le dos de l'ensemble de la classe politique».
Didier Rose, dans Les Dernières Nouvelles d'Alsace, lui trouve cependant un mérite: «Ses boniments éhontés ont conduit à bannir toute indulgence pour les petits-maîtres en entourloupes fiscales.»
Des mois de mensonge
Dans Paris-Normandie, Baptiste Laureau fait chorus, «c'est surtout le procès d'un énorme mensonge. Celui d'un ministre de la République qui, pris le doigt dans le pot de confiture, a menti honteusement pendant des semaines, des mois, en affirmant n'avoir jamais détenu de compte bancaire à l'étranger.»
«Jérôme Cahuzac et sa cagnotte helvétique ont porté un coup fatal à la gauche morale. Son procès vient raviver les plaies d'une gauche qui n'a plus le moral», commente Raymond Couraud dans L'Alsace.
Dans «la conscience collective», l'affaire Cahuzac a été «comme un terrible venin instillé dans le crâne des Français et qui empoisonne toujours leurs regards sur la politique», analyse Jean-Claude Souléry dans La Dépêche du Midi.
«S'il quittait l'actualité aujourd'hui pour y revenir dans quelques mois, le procès Cahuzac ne fera que planter un peu plus le clou dans les illusions et les mensonges qui ont bercé les dernières campagnes», prédit enfin Jean-Louis Hervois de La Charente Libre.
» (nxp/afp)
Rappel des faits
L'ancien champion de l'orthodoxie budgétaire, 63 ans, doit comparaître, jusqu'au 18 février, devant le tribunal correctionnel de Paris pour fraude fiscale et blanchiment, ainsi que pour avoir «minoré» sa déclaration de patrimoine en entrant au gouvernement en 2012.
L'affaire débute en décembre 2012, quand le site d'information Mediapart révèle que Jérôme Cahuzac a possédé un compte caché, d'abord en Suisse puis à Singapour, comme le confirmera l'enquête judiciaire ouverte en janvier 2013.
L'ex-président de la commission des Finances de l'Assemblée, qui se présente alors comme le chevalier blanc de la lutte contre l'évasion fiscale, commence par tout nier. «Les yeux dans les yeux» des médias, des députés, du président. Mais les preuves s'accumulent et il passe finalement aux aveux.
Acculé à la démission en mars 2013, il a renoncé à tous ses mandats, quitté la politique et risque maintenant une peine allant jusqu'à sept ans de prison et deux millions d'euros d'amende.
A ses côtés, son épouse - dont il est séparé - Patricia Ménard et leurs conseillers: le banquier François Reyl et l'avocat Philippe Houman. La très discrète banque genevoise Reyl comparaît aussi, comme personne morale.