Grande-Bretagne: Cameron prône la «tolérance zéro»

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Grande-BretagneCameron prône la «tolérance zéro»

David Cameron a prôné dimanche la «tolérance zéro» contre les gangs après les émeutes en Grande-Bretagne, mais il se heurte à un vent de fronde dans la police.

La police apprécie peu le recrutement d'un super-flic new-yorkais pour aider Scotland Yard et les critiques du Premier ministre.

Dans une interview au Sunday Telegraph, M. Cameron a estimé que les émeutes, les pires au Royaume-Uni depuis plusieurs décennies, avaient marqué un tournant pour le pays. «Nous n'avons pas assez parlé le langage de la tolérance zéro. Mais le message est en train de passer», a-t-il expliqué.

Bill Bratton, ex-chef de la police de New York, Boston et Los Angeles, théâtre d'émeutes meurtrières en 1992, va travailler cet automne comme consultant pour Scotland Yard sur la lutte contre les violences urbaines. Il a toutefois d'ores et déjà averti qu'il «détestait le terme de tolérance zéro». «Je ne préconiserai à aucun pays de se risquer à la tolérance zéro», écrit-il dans une tribune dans le Mail on Sunday. «C'est impossible à mettre en oeuvre».

Le recrutement d'un policier américain a suscité beaucoup de grincements de dents au sein de la police britannique, dont plusieurs représentants ont pris publiquement la parole pour s'étonner de cette décision. «Je ne suis pas sûr de vouloir apprendre comment gérer les gangs en m'inspirant d'une région des Etats-Unis où il y en a 400 qui sévissent», a notamment lancé Hugh Orde, chef du corps des officiers. «Si vous avez 400 gangs en activité, c'est que vous n'êtes pas très efficace».

Les critiques passent mal

Les critiques de M. Cameron sur les méthodes utilisées par les forces de l'ordre britanniques, visiblement dépassées au début des émeutes, avaient déjà suscité des frictions ces derniers jours. D'autant que le gouvernement refuse de revenir sur les coupes décidées dans leurs crédits. «Au départ, la police a beaucoup trop traité la situation comme s'il s'agissait juste d'une question d'ordre public, alors qu'il s'agissait de criminalité», avait expliqué jeudi le Premier ministre.

Face à ces reproches, l'actuel chef par intérim de Scotland Yard Tim Godwin s'est plaint des «incohérences» des politiques. «Parfois on nous accuse de faire un usage excessif de la force et parfois, de ne pas en faire assez», a-t-il déploré.

Des états d'âme que la ministre de l'Intérieur Theresa May a écartés en soulignant qu'il appartenait au gouvernement de dire aux forces de l'ordre «ce que les gens attendent d'elles». D'après un sondage publié ce week-end, 48% des Britanniques estiment que le gouvernement n'a pas géré correctement la crise des émeutes.

Depuis mercredi soir, aucun incident important n'a été signalé dans le pays, après un déploiement policier exceptionnel pour mettre fin à trois nuits consécutives de violences. Les autorités doivent se réunir lundi pour décider du maintien ou non d'un tel dispositif.

Manifestations pacifiques

Plus de 1.500 personnes, selon la police, ont participé à un «rassemblement pacifique» dimanche après-midi à Birmingham (centre), une des villes qui se sont embrasées cette semaine. Elles ont observé une minute de silence à la mémoire de trois hommes écrasés par une voiture alors qu'ils tentaient de protéger leur quartier des pillards. Ils font partie des cinq victimes recensées pendant les émeutes. Le chef de la police locale Chris Sims, qui a participé au rassemblement, a souligné que la police était «très touchée du soutien du public». Et il a fait savoir qu'il n'avait pas l'intention de «suivre servilement des slogans creux», une nouvelle pierre dans le jardin de M. Cameron et de sa «tolérance zéro». (afp)

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