Fashion: Ce label de mode bernois ne veut pas vendre à tout prix, mais faire réfléchir

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FashionCe label de mode bernois ne veut pas vendre à tout prix, mais faire réfléchir

Avec ses collections upcycling, NCCFN souhaite nous faire prendre conscience des problèmes qui entourent l’industrie de la mode. Des coopérations avec Adidas et les Young Boys de Berne prouvent que ses actions rencontrent un écho favorable.

par
Sebastian Sele
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Pour la collection «We only look expensive, we only look cheap», NCCFN a coopéré avec Rework. Les clients devaient négocier le prix des vêtements avec les vendeurs.

Pour la collection «We only look expensive, we only look cheap», NCCFN a coopéré avec Rework. Les clients devaient négocier le prix des vêtements avec les vendeurs.

NCCFN © 2022
Le projet le plus récent de NCCFN s’intitule «No thing is forever». Le collectif a collaboré avec les Young Boys de Berne.

Le projet le plus récent de NCCFN s’intitule «No thing is forever». Le collectif a collaboré avec les Young Boys de Berne.

NCCFN © 2022
La designer Nina Jaun (à droite) a lancé le label NCCFN. Dimitri Reist (à gauche) est présent depuis trois ans à ses côtés.

La designer Nina Jaun (à droite) a lancé le label NCCFN. Dimitri Reist (à gauche) est présent depuis trois ans à ses côtés.

NCCFN © 2022

Le grand public connaît probablement davantage son travail que son nom. La designer Nina Jaun a en effet été responsable des costumes du film suisse «Mad Heidi», du stylisme des clips musicaux de Nativ et Lo & Leduc et a lancé le label de mode NCCFN.

Le succès de cette Bernoise ne tient pas au hasard. Aujourd’hui âgée de 33 ans, elle évolue dans le milieu de la mode depuis sa jeunesse. Nina Jaun a fait un apprentissage de couturière, a été vendeuse chez H&M, puis a travaillé pour le label Jahnkoy, à New York. «J’ai rapidement remarqué que quelque chose ne tournait pas rond», explique-t-elle dans un entretien donné à 20 Minutes.

Dans l’industrie de la mode, différents aspects négatifs du monde globalisé se rencontrent. Les Nations Unies évoquent notamment sa responsabilité dans les émissions mondiales de CO2 – jusqu’à 8%. Dans un même temps, ce milieu produit environ 92 millions de tonnes de déchets textiles par an. La production textile a malgré tout doublé depuis l’an 2000. Entre 2015 et 2030, les déchets textiles de la branche devraient même augmenter de 60%.

Les produits ne représentent pas l’objectif final

Nina Jaun souhaite incontestablement aborder les choses différemment. Son travail de fin d’études est devenu l’acte de naissance de NCCFN («Nothing Can Come From Nothing»). Trois ans plus tard, le label peut notamment se targuer de collaborations avec Adidas et les Young Boys de Berne.

Qu’est-ce qui rend NCCFN différent? «Deux idées sont déterminantes pour NCCFN: le collectif et le processus», répond le graphiste de 36 ans Dimitri Reist, membre depuis trois ans de NCCFN. Nina Jaun et lui ne sont pas les seuls à composer NCCFN. On retrouve aussi un large groupe de personnes (artistes, artisans, designers) qui partagent les mêmes valeurs, à savoir ne pas vouloir placer à tout prix des produits sur le marché, mais incarner une idée. La mode est le moyen, pas la fin.

Des collections upcycling à des prix librement choisis

Pour sa dernière collection, NCCFN a transformé les invendus du club de football bernois des Young Boys en T-shirts, shorts ou jupes. La collection a été baptisée «No Thing is Forever» («aucune chose n’est éternelle»). Le collectif explique ce nom par le fait que nos ressources sont limitées et qu’il croit en la liberté de changement, car ce dernier «a la capacité de préserver quelque chose».

NCCFN a vendu sa collection limitée upcycling à des prix libres, compris entre 20 et 150 francs. NCCFN aime jouer avec la notion de prix. Pour sa précédente collection, intitulée «We only look cheap. We only look expensive», les clients négociaient directement le coût des pièces avec les vendeurs. Grâce à ce procédé, les acheteurs seraient davantage incités à réfléchir à la valeur qu’ils attribuent à une marchandise, aux matériaux utilisés et au travail qui se cache derrière.

Exposition en Appenzell Rhodes-Extérieures

«Notre motivation n’est pas de nature capitaliste», insiste Nina Jaun. Et Dimitri Reist d’ajouter: «Néanmoins, nous faisons aussi partie du système capitaliste de la mode et travaillons délibérément avec des entreprises internationales qui ont fait croître la production au point que la branche en soit arrivée à ignorer les hommes, les matériaux et la nature.» NCCFN ne représente certes pas un mouvement rebelle, mais prône une approche radicale de la réalité. Selon Dimitri Reist, cette démarche s’apparente à «une expérience dans laquelle les problèmes de la branche peuvent être réfléchis». NCCFN ne veut pas être un label durable qui pousse à la consommation, mais plutôt offrir l’espace et le temps nécessaires pour s’interroger sur notre monde.

Le prochain projet de NCCFN débutera le 1er avril. Le collectif inaugurera l’exposition «Applied Utopia» à Teufen, dans le canton d’Appenzell Rhodes-Extérieures. Cette exhibition doit inciter à réfléchir aux chaînes d’approvisionnement mondiales et à notre propre consommation. «Comment pouvons-nous et voulons-nous vivre à l’avenir sans détruire le terreau même de notre existence?» peut-on lire dans le communiqué de presse.

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