Inclusion: Ce moine bouddhiste est activiste LGBTQ+ et maquilleur

Kodo Nishimura, âgée de 33 ans, est moine bouddhiste, maquilleur et activiste LGBTQ+ 

Kodo Nishimura, âgée de 33 ans, est moine bouddhiste, maquilleur et activiste LGBTQ+ 

Instagram kodomakeup 
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InclusionCe moine bouddhiste est activiste LGBTQ+ et maquilleur

Kodo Nishimura partage son temps entre le bouddhisme, au Japon, et ses ateliers make-up dans le reste du monde. Il est aussi l’auteur d’un livre de développement personnel.

par
Nina Seddik

«Dès mon plus jeune âge, j’ai vu des femmes, des personnes LGBTQ, des personnes ayant des croyances religieuses différentes être réduites au silence et exploitées, confie Kodo Nishimura – moine bouddhiste, maquilleur et activiste LGBTQ+ – dans un témoignage publié dans «Insider» cet été. Je voulais que chacun se sente puissant et ait les mêmes droits. Je voulais réveiller les gens.»

Auteur du livre «This Monk wears heels» (ce moine porte des talons) – un livre de développement personnel aux accents autobiographiques publié en japonais en 2020 et traduit cette année en anglais, français, allemand, espagnol et italien – le Japonais, âgé de 33 ans, partage son temps entre ses activités de moine bouddhiste au Japon et de maquilleur dans le reste du monde. Ses ateliers make-up sont destinés à tout le monde bien que l’accent soit mis sur les hommes et les femmes transgenres. 

Il était d’ailleurs de passage à Paris le 12 octobre dernier pour la promotion de son livre et la tenue d’un atelier de maquillage.

Séjour révélateur aux USA

«Même si mon corps est celui d’un homme, l’âme n’a, selon moi, pas de genre», confie celui qui se sait aussi homosexuel depuis l’adolescence dans une vidéo publiée par le «Time» en octobre 2021, à l’occasion de sa nomination dans la liste des Next Generation Leaders (leaders de la prochaine génération) établie chaque année par le bimensuel américain. Il révèle aussi avoir souffert de la représentation classique des genres au Japon.

À l’âge de 18 ans, il décide de quitter son pays natal pour partir étudier à la Parsons School of Design, une école d’art à New York. La grande pomme est pour le jeune homme un lieu d’émancipation où il peut vivre librement son homosexualité. Il découvre que porter des bijoux et du maquillage lorsque l’on est un homme n’est pas un problème. «Aux États-Unis, j’avais l’impression de pouvoir être honnête, raconte-t-il à «Insider». Lorsque je suis arrivée j’ai vu des hommes travailler chez Sephora et des drag-queens avec le plus incroyable des maquillages. C’était un contraste saisissant avec Tokyo, où une employée au comptoir des cosmétiques me demandait si je cherchais un cadeau pour ma mère ou ma petite amie. En Amérique, j’ai commencé à acheter mon propre maquillage, et j’étais accro.»

Se reconnecter au bouddhisme

Bien qu’ayant grandi dans le temple de son père moine bouddhiste, adhérer aux préceptes du bouddhisme n’est pas une évidence pour Kodo Nishimura. Par rébellion mais aussi en raison de ses a priori sur la façon dont l’homosexualité est considérée au sein de cette religion. «Quand j’étais à New York, ou quand je voyageais en Europe, j’ai eu l’impression que les valeurs religieuses étaient l’un des plus grands obstacles à l’épanouissement personnel. Lorsque j’ai étudié le bouddhisme, je le détestais parce que… comment peut-on se libérer en chantant? Mais ma mère, qui est pianiste, m’a dit: «Avant de dire que tu n’aimes pas Mozart, tu dois étudier sa musique. Tu dois analyser la composition, la jouer, et ensuite tu peux avoir une opinion valable.»

Kodo Nishimura retourne alors au Japon et entame une formation de moine bouddhiste. Une révélation pour celui qui officie aujourd’hui dans le temple de son père. «Les moines sont respectés au Japon, alors je me suis dit que si j’étais un chef religieux et que je parlais de l’égalité d’accueil et d’acceptation des personnes LGBTQ, je pourrais changer les choses», confesse-t-il à «Insider»

À celles et ceux qui se demandent si maquillage, talons et bouddhisme peuvent faire bon ménage, Kodo Nishimura répond dans «Wallpaper»: «L’essence de l’enseignement bouddhiste n’est pas de maintenir et de préserver une image traditionnelle, mais d’aider les gens. J’ai donc pensé: «Pourquoi n’appliquerais-je pas cet enseignement à ce qui intéresse les gens aujourd’hui, comme le maquillage ou la mode, afin de rendre le bouddhisme plus pertinent et plus accessible?»

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