Lac Léman«Ce scénario, c'est notre véritable cauchemar»
Les autorités franco-suisses ont simulé jeudi une explosion sur un
bateau de la CGN bondé. Le but: être prêt, au cas où.
- par
- Francesco Brienza
Vision d'horreur, jeudi matin, au large de Saint-Sulpice (VD). Le feu faisait rage dans une embarcation de la Compagnie générale de navigation sur le lac Léman (CGN). Tout autour flottaient des passagers affolés, encadrés par des forces de l'ordre sur les dents.
Ce n'était qu'un exercice, mais les participants engagés ont formidablement joué le jeu. Le bilan fictif de cette journée d'entraînement n'en est pas moins lourd: 15 morts et une dizaine de blessés graves. «Ce scénario, c'est notre véritable cauchemar, note Béatrice Métraux, cheffe du Département vaudois des institutions et de la sécurité. C'est pourquoi il est essentiel d'être prêts à l'affronter.» Son chef du Service de la sécurité Denis Froidevaux ne dit pas mieux: «Tant qu'on ne s'exerce pas en situation réelle, on ne sait pas si notre concept de sécurité est efficace. Surtout dans un environnement hostile comme un plan d'eau.»
Sous la pluie et face à la houle, les 400 intervenants issus des trois cantons lémaniques et de France voisine ont procédé à l'évacuation du bateau en moins de 4 h. Un résultat qui réjouit les autorités, qui analyseront dans un second temps les éventuels points à améliorer.
Des exercices grandeur nature ont lieu tous les deux ans dans le canton de Vaud. Sur le lac, celui de jeudi était le premier en dix ans. «Deux millions de passagers voyagent sur le Léman chaque année, justifie la conseillère d'Etat Nuria Gorrite, cheffe du Département des infrastructures. Et ce chiffre va encore augmenter. Il est important de vérifier que nos dispositifs de sécurité fonctionnent aussi sur l'eau.»
Quand le lac comptait vraiment ses morts
Entre 1825 et 1928, 60 personnes ont perdu la vie dans les eaux du bleu Léman. Parmi les catastrophes les plus meurtrières, citons celle du Mont-Blanc II, dont la chaudière a explosé tandis que ses passagers débarquaient à Ouchy, en 1892. Vingt-six personnes avaient été tuées. Neuf ans plus tôt, la proue du Cygne crevait le flanc bâbord du Rhône I, au large de Vidy: onze victimes. En 1863, une autre collision entre le Simplon I et la barque Jeanne d'Arc avait fait trois morts.