BiodiversitéComment la paresse du jardinage protège la biodiversité
Ne pas tondre le gazon pendant un mois entier en faveur de la biodiversité: en Grande-Bretagne, le «No Mow May» a déjà le vent en poupe. La biodiversité suisse profiterait-elle aussi d'une telle action?
- par
- Gabriella Alvarez-Hummel
Qu'est-ce que le «No Mow May»?
Le «No Mow May» est une action qui a été lancée en Grande-Bretagne et qui s'est entre-temps exportée au-delà. L'objectif est que les gens ne tondent pas leur pelouse pendant tout le mois de mai. Pendant cette période, les pelouses sont délibérément laissées à elles-mêmes et les fleurs et plantes sauvages ont la possibilité de pousser et de fleurir en toute liberté. L'idée est de créer des habitats pour les insectes, en particulier les insectes pollinisateurs comme les abeilles et les papillons, et de promouvoir la biodiversité.
A quoi sert le «No Mow May»?
Selon les initiateurs, ne pas tondre le gazon est une méthode simple et écologique pour favoriser la biodiversité: en autorisant la présence de fleurs et de plantes sauvages sur les pelouses, on crée des habitats pour les insectes et les petits animaux. Les abeilles et autres insectes pollinisateurs trouvent en outre davantage de sources de nourriture, ce qui soutient la survie de leurs populations. De plus, une pelouse non tondue peut absorber plus d'eau, ce qui aide à réguler les ruissellements et les inondations.
La tonte du gazon est-elle vraiment si nuisible?
Les pelouses qui sont fréquemment tondues présentent une biodiversité plus faible, selon une étude canadienne. Cela ne signifie pas nécessairement que la tonte du gazon est nuisible en soi, mais cela signifie qu'une tonte réduite peut apporter de nombreux avantages. Chris Watson, auteur principal de l'étude en question, explique: «Même une réduction modeste de la fréquence de tonte peut apporter de nombreux avantages environnementaux: une activité accrue des insectes pollinisateurs, une plus grande diversité des plantes et une réduction des émissions de gaz à effet de serre. En même temps, une pelouse plus longue entraîne une meilleure résistance aux parasites, aux mauvaises herbes et aux périodes de sécheresse».
Fondamentalement, jusqu’à quel point le gazon est-il naturel?
En réalité, pas du tout. Le gazon n'existe pas dans la nature. Ce n'est qu'à partir du 17e siècle que le gazon bien entretenu et tondu est devenu un symbole de richesse et de luxe. Car celui qui pouvait se permettre d'entretenir une pelouse - qui en plus est sans fonction concrète, si ce n'est celle d'être belle - ne pouvait qu’être extrêmement riche. Dans son texte «Pflanze der Macht», Constantin Seibt écrit de manière très pertinente: «Le gazon est une plante absurdement chère et absurdement inutile: elle exige des soins permanents - si le gazon n'est pas régulièrement fertilisé, arrosé, coupé, ressemé, il meurt ou s'ensauvage immédiatement. Il n'est d'aucune utilité pour personne: les animaux ne peuvent pas y pâturer. Même une poignée d'espèces d'insectes ne peut pas y vivre. En bref, le gazon est un produit de luxe parfait. Inconfortable, inutilisable, inabordable, mais bien visible de loin».
Faudrait-il également tondre moins le reste de l’année?
L'auteure de cet article estime que, bien que le «No Mow May» ait de bonnes intentions, cette approche n’a pas que des bons côtés. Elle affirme qu'il serait bien plus utile de tondre moins en général, plutôt que de laisser simplement la tondeuse au garage au mois de mai. L'étude susmentionnée va également dans ce sens.
Il n'y a pas de «No Mow May» en Suisse. Existe-t-il d'autres actions similaires?
Mission B est une organisation suisse qui s'est fixé pour objectif de préserver la biodiversité. La fauche y joue également un rôle important, comme le montre cet article. Quelques conseils: tondre une à deux fois par an. Ne tondre que lorsque les fleurs sont fanées. Mieux vaut tondre tôt le matin ou tard l'après-midi. Ne pas tout tondre en même temps, mais de manière échelonnée. Laisser les bordures en place.
Je n'ai pas de pelouse. Comment puis-je quand même faire quelque chose en faveur de la biodiversité?
Selon Mission B, chaque mètre carré compte. Et cela inclut par exemple les balcons ou simplement les rebords de fenêtres. Car c'est justement dans les villes que la biodiversité est souvent en plus mauvaise posture.
À quelle fréquence tondez-vous le gazon?