SurfComment partir en vacances de surf sans avoir mauvaise conscience
Les vagues de Bali ou du Costa Rica sont considérées comme le nec plus ultra par les surfeurs. Mais le trajet aller-retour pèse lourd sur l’empreinte carbone. Est-il toutefois possible de combiner surf et durabilité? Entretien avec Sabrina Haase, surfeuse et collaboratrice chez fairunterwegs.
- par
- Sebastian Sele

Sabrina Haase est surfeuse et travaille pour l’association fairunterwegs. «Je sais à quel point il peut être difficile de passer des vacances de surf durables», explique-t-elle.
Le surf est et reste un sport à la mode. Et, comme on le sait, la Suisse n’est toujours pas située au bord de la mer. Dès lors, comment organiser des vacances de surf durables? La surfeuse Sabrina Haase travaille pour l’association fairunterwegs. Celle-ci a énoncé, via la formule G.L.Ü.C.K., une recommandation dans l’optique de réaliser des voyages durables.
Sabrina Haase, que se cache-t-il derrière la formule G.L.Ü.C.K.?
Il s’agit de notre ligne directrice. Elle a pour but de tendre vers des voyages plus durables. Le G, qui signifie «gemächlich» («tranquille»), incite à rester plus longtemps sur place et à essayer de voyager en transports en commun une fois arrivé. Le L est la première lettre de «lokal» («local»). Il rend attentif au fait à réserver ses nuitées dans des hébergements familiaux appartenant à des locaux et à acheter des produits et souvenirs de la région. Le Ü est là pour «Überraschungen» («surprises») et prône la spontanéité. Le C revient à réduire son «CO₂-Ausstoss» («empreinte carbone»), notamment en essayant de voyager en train. Quant au K, il vient de «korrekt» («correct») et consiste à s’acquitter du juste prix. Si une offre semble trop bon marché, il y a toujours quelqu’un qui doit payer, que ce soit les collaborateurs, les pouvoirs publics ou, justement, l’environnement.
Cette formule peut-elle s’appliquer au surf?
Oui. Étant moi-même surfeuse, je sais toutefois à quel point cela peut être difficile, car lorsqu’on est à la recherche de vagues parfaites, on évoque rapidement des destinations comme Bali ou le Costa Rica.
Un voyage à l’étranger, cela ne semble vraiment pas durable…
Il n’est toutefois pas impossible de le faire de manière durable. On peut certes parler d’exception, mais l’une de mes anciennes collègues s’est rendue en Indonésie à vélo. Le voyage aller-retour représente en effet la partie la plus polluante des vacances. Faire un vol par an consomme plus de la moitié de l’empreinte carbone annuelle d’une personne, et il n’est pas possible de compenser cela sur place, même si l’on vit chez l’habitant, que l’on n’achète que des produits équitables et que l’on se déplace uniquement à pied. Les destinations européennes sont donc à favoriser.
Par exemple?
L’Atlantique abrite de superbes vagues et de nombreux endroits sont très bien desservis par les transports publics. Une fois par semaine, un train relie notamment directement Fribourg à Bordeaux. On peut aussi aller au Portugal par le rail, mais il faut faire plusieurs changements.
Est-il pratique de monter dans un train avec tout son matériel de surf?
Je sais, par expérience, que cela peut être fatigant, surtout si l’on doit changer plusieurs fois de train. Le covoiturage représente une alternative. Sur Facebook, il existe désormais quelques groupes de surf, comme Surftravellers ou Mitsurfbörse. On y recherche toujours des covoitureurs et des covoiturés. Le voyage en voiture n’est certes pas aussi durable que celui en train, mais c’est toujours mieux que de prendre l’avion pour le Portugal ou l’Andalousie.
En votre qualité de surfeuse et de responsable de la durabilité, quelle destination conseillez-vous?
Au Portugal, dans la région d’Ericeira, il existe désormais un bus local qui transporte les surfeurs et leurs planches vers différents spots. Sur place, je recommande soit un camp de surf durable, qui amène les hôtes en même temps sur le spot, soit un hébergement à proximité de ce dernier, afin de ne pas devoir faire des allers-retours constants. Si l’on ne peut pas se passer de la voiture, le covoiturage est également une option. Il n’y a en revanche plus vraiment de lieux secrets en Europe. Beaucoup de vagues et de spots sont surchargés. Mon conseil: chercher les vagues en dehors des sentiers battus.
Le voyage durable est important pour vous, mais vous n’excluez pas les vols. Pourquoi?
Il serait compliqué de voir tout le monde renoncer soudainement aux voyages en avion. Dans le sud, de nombreuses personnes vivent du tourisme. Pendant la pandémie, nous avons pu constater qu’en son absence, la vie de certaines personnes pouvait être mise en péril. Cela dit, la manière dont nous voyageons aujourd’hui n’est plus supportable.
Quelles seraient les alternatives?
On pourrait, par exemple, n’entreprendre qu’un seul voyage lointain tous les cinq ans et, le reste du temps, surfer tout au long de la côte atlantique européenne. Une autre alternative est de rester en Suisse: on trouve des vagues artificielles à Bremgarten (AG) et à Thoune (BE), une vague indoor à Zurich et à Ebikon (LU), et un bassin en plein air à Sion (VS).

«Il serait, par exemple, judicieux de n’entreprendre qu’un seul voyage lointain tous les cinq ans et, le reste du temps, de surfer le long de la côte atlantique européenne», conseille Sabrina Haase.
Voyagez-vous de façon durable?