Pénuries et hausse des prix: Construction fragilisée en Suisse: «Il y a des chantiers qui ne démarrent pas»

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Pénuries et hausse des prixConstruction fragilisée en Suisse: «Il y a des chantiers qui ne démarrent pas»

Après deux ans de pandémie, la guerre en Ukraine fait de nouveau planer l’incertitude sur les chantiers. Pour la construction de maisons individuelles, l’impact est limité.

Julien Baumann
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Julien Baumann
12 octobre 2016, Léman2030, chantier CFF du tronçon Lausanne-Renens. Gare de Renens.  (24heures/Philippe Maeder)

12 octobre 2016, Léman2030, chantier CFF du tronçon Lausanne-Renens. Gare de Renens. (24heures/Philippe Maeder)

VQH

Nicolas Reymond est membre de l’administration d’une entreprise familiale active dans le canton de Vaud. La firme compte une quinzaine d’employés et est spécialisée dans le transport de sable, de béton et de gravier destinés à divers chantiers. Après deux ans de Covid, il s’attendait à une reprise, mais la guerre en Ukraine a fait planer de nouvelles incertitudes. Pas de problème d’approvisionnement, mais l’augmentation des coûts de l’énergie se répercute à tous les niveaux, résume-t-il.

La hausse récente des prix, «on l’a prise un peu dans les gencives», lance l’entrepreneur, qui détaille dans quels domaines les factures ont pris l’ascenseur. Le litre de diesel est passé de 1 fr. 39 en avril 2021 à un peu plus de 2 francs actuellement. Nicolas Reymond évoque aussi la taxe CO2 payées par les cimentiers, grands consommateurs d’énergies fossiles.

En attendant des conditions plus favorables

Comme le prix de ces dernières augmente, la taxe aussi, et ce sont les intermédiaires puis les clients qui paient au final. Dans l’entreprise vaudoise, la tonne de ciment est aujourd’hui à environ 6 francs plus chère. Pour la construction d’un immeuble de trois étages qui nécessite entre 500 et 700 m3 de béton, cela fait 1800 francs supplémentaires.

«On prend une partie des coûts supplémentaires à notre charge», précise-t-il encore. Mais il constate qu’avec la hausse des prix les investisseurs et acheteurs de biens immobiliers deviennent frileux et temporisent en espérant revoir des conditions plus favorables. «Il y a des chantiers qui ne démarrent pas», glisse-t-il, tout en disant ne pas avoir eu vent de projets de construction qui auraient dû être interrompus à cause de la situation actuelle.

Peu d’influence sur les maisons individuelles

Plus généralement, en Suisse la branche plie mais ne rompt pas selon les échos de plusieurs acteurs concernés. Les CFF disent par exemple suivre la situation de près et assurent que «pour l’instant» les chantiers en cours en Suisse ne connaissent pas de problème lié à des pénuries. Aucun des projets en cours n’est à l’arrêt ou connaît des retards en lien avec la situation, a indiqué Jean-Philippe Schmidt, porte-parole des CFF.

D’autres observateurs contactés font le même constat. En résumé, ils déplorent une situation tendue et imprévisible mais disent que des solutions temporaires ont pu être trouvées pour assurer la bonne marche des affaires. La Société suisse des entrepreneurs affirme n’avoir eu vent d’aucun chantier à l’arrêt en Suisse et assure que «les projets de construction peuvent être réalisés dans leur grande majorité, conformément aux prévisions».

Son porte-parole, Matthias Engel, explique que, pour les particuliers, l’impact sera modéré. «Pour une maison individuelle, les travaux de construction (sans les travaux du second œuvre) représentent 20% des coûts. Le prix des matériaux représente 40% de ces 20%. Pour les particuliers, l’évolution du prix des terrains a une influence bien plus grande sur le prix d’un bien immobilier que le prix des matériaux.»

Les prix atteignent un plateau

L’association faîtière de la construction métallique, de l’acier et des façades, metal.suisse, confirme de son côté que les temps sont durs pour la branche. Malgré tout, les approvisionnements peuvent être assurés, mais parfois avec du retard.

L’association précise que les prix des produits en acier ont fortement augmenté jusqu’à fin mars, puis ont atteint un plateau. La situation est stable, mais l’incertitude est grande selon metal.suisse, qui signale ponctuellement ou dans des cas très isolés des suspensions de chantiers dus à un manque de matériaux mais qu’aucun arrêt n’est à craindre pour l’instant.

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