France: Consultation inédite sur un projet d'aéroport

Actualisé

FranceConsultation inédite sur un projet d'aéroport

L'épilogue de 50 ans de bras de fer? Partisans et opposants à la création d'un nouvel aéroport à Nantes se compteront dimanche lors d'un référendum local inédit.

Ce scrutin a été annoncé le 11 février par le président François Hollande avec l'espoir de mettre un terme à l'enlisement de ce dossier, qui a empoisonné les relations entre le Parti socialiste au pouvoir et les écologistes. Au point d'avoir contribué au départ des écologistes du gouvernement, au printemps 2014.

Ebauché dès les années 60, le projet prévoit le transfert de l'actuel aéroport de Nantes-Atlantique, tout proche de la ville, vers le site de Notre-Dame des Landes, à 20 km au nord.

Soutenu par les milieux économiques et longtemps porté par l'ancien maire de Nantes Jean-Marc Ayrault, ex-Premier ministre et actuel ministre des Affaires étrangères de François Hollande, ce projet est combattu bec et ongles par des milliers de personnes, écologistes en tête.

Le territoire des «zadistes»

Afin de bloquer les travaux, quelque 200 opposants - parmi les plus radicaux - se sont installés depuis 2009 dans des logements de fortune en pleine nature sur cette «zone d'aménagement différée» (ZAD) rebaptisée «zone à défendre». Ces «zadistes», qui ont fait des émules dans d'autres régions de France, contestent à la fois les conséquences environnementales du projet et un manque de démocratie locale dans son élaboration.

Première du genre en France, cette consultation locale à l'initiative du gouvernement n'a que valeur d'avis, mais le chef de l'État et son Premier ministre Manuel Valls ont promis qu'elle serait suivie d'effet, quel que soit le taux de participation et quel que soit son résultat.

«Si le non l'emporte, le projet sera abandonné. Si le oui l'emporte dimanche, le projet sera engagé», a assuré Manuel Valls.

Mais dans le camp du «non», les associations hostiles au projet ainsi qu'Europe Ecologie-Les Verts et le Parti de gauche, ont annoncé qu'ils ne respecteraient qu'un seul résultat, la victoire du «non».

«Si c'est oui, ce sera pour nous toujours non. Et si c'est non, il faudra qu'ils respectent les promesses», a résumé Jean-François Pellissier, porte-parole d'Ensemble!.

Dénonçant une consultation «biaisée» et «illégitime», notamment en raison de son périmètre réduit au seul département de Loire-Atlantique, réputé plus favorable au «oui», des associations et des particuliers ont tenté de faire annuler le scrutin en justice. Sans succès.

Concurrencé par les Bleus

Les quelque 960.000 habitants de Loire-Atlantique devront donc répondre dimanche «oui» ou «non» à la question: «Êtes-vous favorable au projet de transfert de l'aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes?».

Le vote se déroulera dans 1.051 bureaux de vote, à partir de 06H00 GMT.

Reste l'inconnue de la participation, que tous prédisent peu élevée, entre absence de campagne officielle et lassitude des habitants sur un dossier qui n'en finit plus. Une météo estivale et le match de l'équipe de France pour l'Euro 2016 pourraient également éloigner les électeurs des urnes.

«Je crains qu'il y ait un tout petit oui, ou un tout petit non, et quelle légitimité? C'est la grande question», s'est interrogé Bruno Retailleau, président de la région des Pays de la Loire et président du Syndicat mixte aéroportuaire, qui cofinance le futur équipement et sa desserte routière.

«L'Aéroport du Grand Ouest», dont la concession a été attribuée en décembre 2010 au groupe de construction Vinci, devait initialement accueillir ses premiers avions en 2017. Les travaux n'ont jamais démarré. (afp)

Ton opinion