Décisions du Conseil fédéral Continuer à rouvrir ou arrêter d’assouplir: encore un dilemme
Le Conseil fédéral doit décider vendredi s’il va de l’avant avec les réouvertures prévues. Chez nos voisins, la tendance est au contraire au renforcement des restrictions.
- par
- Yannick Weber

La décision s’annonce ardue pour les conseillers fédéraux vendredi.
Vendredi après-midi, le Conseil fédéral doit présenter son plan pour la deuxième vague d’assouplissements qui devraient entrer en vigueur le 22 mars. On parle notamment d’ouverture des terrasses, voire des restaurants tout court, ou encore de permettre des manifestations sportives ou culturelles avec un public restreint ainsi que de lâcher du lest sur le télétravail obligatoire.
Il avait fixé quatre critères épidémiologiques pour décider d’aller de l’avant ou non, tout en disant qu’il n’y aurait pas d’automatisme afin de garder une marge de manœuvre. Certains indicateurs plaident pour un relâchement, d’autres pour le statu quo. Le choix risque d’être plus compliqué que jamais.
En faveur des réouvertures
L’un des critères observés par le Conseil fédéral est celui du nombre de patients Covid en soins intensifs. Celui-ci doit être inférieur à 250. Ce jeudi, l’OFSP indiquait qu’il y en avait 177 en moyenne sur 7 jours. Cela représente tout juste 18% des lits de soins intensifs dans tout le pays.
De plus, le taux de positivité des tests doit lui être inférieur à 5%. Sur les 7 derniers jours, il n’a dépassé ce seuil qu’une seule fois. En moyenne, donc, il est inférieur, autour de 4,3%.

Les tests de masse dans les Grisons ont tiré le taux de positivité vers le bas.
Ensuite, le Conseil fédéral semble avoir opté pour une stratégie plus offensive afin de contenir l’épidémie tout en poursuivant avec les réouvertures. «Notre relation au nombre de cas a changé», disait Alain Berset la semaine dernière, au moment de présenter ses plans de tests de masse.
Les Grisons ont mené l’expérience. Dépister plus massivement a, contrairement à ce que l’on aurait pu croire, mené à une diminution des cas sur la durée, car on parvenait mieux à identifier les porteurs asymptomatiques et empêcher qu’ils ne répandent le virus plus loin.
En défaveur des réouvertures
Par contre, le taux de reproduction du virus devait se situer en dessous de 1. Depuis une semaine, sa moyenne se fixe à 1,07, ce qui signifie que l’épidémie accélère. Jeudi, il était au-dessus de 1 dans tous les cantons, sauf Neuchâtel, Obwald, Appenzell Rhodes-Intérieures et au Liechtenstein.
Corollaire à la récente augmentation du nombre de cas: le taux d’incidence (nombre de tests positifs sur 100’000 habitants dans les 14 derniers jours) a logiquement augmenté. Le critère était le suivant: l’incidence devait être inférieure à celle calculée au 1er mars. Ce jour-là, elle était de 160. Ce jeudi, elle a augmenté à 174.

Le taux de reproduction indique une accélération de l’épidémie dans quasi tous les cantons, mais les données fluctuent de jour en jour.
Malgré ces indicateurs, le Conseil fédéral a la liberté de maintenir son plan de réouvertures. Il est, du reste, mis sous grosse pression du Parlement, des branches économiques et d’une partie de la population.
La Suisse comme une île?
Deux critères sur quatre plaident pour des assouplissements, deux contre. Le Conseil fédéral va alors sans doute garder un œil ouvert sur ce qui se passe à l’étranger. Jeudi matin, l’Allemagne a pour la première fois parlé d’une «troisième vague», avec une soudaine et forte hausse du nombre de contaminations. L’Italie voit aussi le nombre de cas repartir à la hausse et a pris la direction de nouvelles restrictions, qu’elle avait commencé à alléger.
En France, les chiffres sont aussi en légère hausse et des membres du gouvernement ont laissé entendre qu’il était exclu d’envisager des assouplissements aux mesures «avant 4 à 6 semaines». En Belgique, les autorités ont récemment déclaré viser une réouverture des restaurants le 1er mai seulement.
La conférence de presse du Conseil fédéral sera à suivre vendredi après-midi en direct sur notre site et sur notre app.