Suisse: Contrôler les capitaux face à l'appréciation du franc?

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SuisseContrôler les capitaux face à l'appréciation du franc?

En cas de «Grexit», limiter les retraits pourrait être un instrument plus efficace que les taux négatifs pour la BNS, afin de contrôler une envolée de la monnaie helvétique, selon un économiste.

Daniel Kalt croit en un accord de dernière minute entre la Grèce et ses créanciers.

Daniel Kalt croit en un accord de dernière minute entre la Grèce et ses créanciers.

Dans certaines circonstances, un contrôle des capitaux pourrait se révéler comme un instrument efficace pour la Banque nationale suisse dans sa lutte contre l'appréciation du franc, estime Daniel Kalt. Mais le chef économiste d'UBS écarte un tel scénario, persuadé que la Grèce demeurera dans la zone euro à la faveur d'une solution de dernière minute.

L'introduction de contrôles des capitaux en Suisse nous paraît encore très peu probable, affirme ainsi le responsable d'UBS dans une interview parue jeudi dans «Le Temps». Si une situation chaotique devait régner dans la zone euro et contribuer à un nouvel affermissement du franc, la Banque nationale suisse (BNS) pourrait par exemple prendre de telles mesures.

Dans de telles circonstances, l'institut d'émission pourrait d'abord encore abaisser ses taux d'intérêt afin de réduire l'attrait du franc. «Et si cela ne fonctionnait plus, elle pourrait introduire une forme de contrôle des capitaux», explique M. Kalt.

Pour éviter que les mesures de la BNS soient contournées par des retraits d'espèces ou une thésaurisation de francs, celle-ci pourrait alors limiter les retraits quotidiens à 100 ou 500 francs, par exemple. Tout en maintenant cependant les transferts électroniques.

Commissions sur les retraits

La BNS pourrait aussi exiger une commission de 2% pour chaque retrait en espèces. Dans les années 70, les non-résidents devaient payer des commissions sur le franc jusqu'à 10% par trimestre, rappelle Daniel Kalt. Il s'agissait déjà d'une forme de contrôle des capitaux.

Ces mesures seraient très probablement plus efficaces que les taux négatifs, mais il ne faut pas sous-estimer leur impact négatif sur l'image de la place financière suisse, réputée pour sa solidité et sa stabilité, fruit d'une longue tradition libérale. Un contrôle des capitaux ne peut être envisagé que de façon exceptionnelle, les investisseurs étrangers sachant qu'ils peuvent déposer et retirer leur argent en Suisse quand bon leur semble.

Certes, le franc s'affaiblirait, conséquence du signal fort envoyé par la BNS aux marchés financiers. Mais cela n'est imaginable que si l'euro plongeait à 95 ou 90 centimes et «nous ne pensons pas qu'on y arrivera», conclut M. Kalt. (ats)

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