France voisineCoopération franco-suisse à améliorer à la frontière
Les douanes tricolores se félicitent de la collaboration avec les Suisses. Mais selon elles, il y a encore des progrès à faire au plan opérationnel.
- par
- David Ramseyer

«On va dans la bonne direction», mais la coopération franco-suisse à la frontière pourrait être encore renforcée, selon le directeur des douanes françaises du Léman qui présentaient ce mercredi leur bilan 2015. «On est encore trop dans une collaboration d'état-major, estime Denis Martinez. Il faut d'avantage coopérer sur le plan opérationnel au jour le jour, établir des plans d'action communs. On doit se rencontrer plus fréquemment.» Des bémols qui, cela dit, ne semblent pas devoir fausser la partition harmonieuse qu'exécutent ensemble forces suisses et françaises.
L'état d'urgence a changé la donne
Il y a deux semaines lors de la présentation du bilan côté helvétique, le commandant des gardes-frontière genevois Olivier Botteron saluait une «excellente» collaboration transfrontalière. Un qualificatif repris ce mercredi côté tricolore. «On échange mieux, les agents se parlent plus entre eux», confirme Denis Martinez.
L'instauration de l'état d'urgence dans la foulée des attentats de Paris le 13 novembre dernier a aussi modifié les mentalités, selon les douanes françaises. Avant, les actions de concert étaient ponctuelles, via notamment les patrouilles mixtes. Depuis plus de quatre mois, l'engagement de moyens communs surtout, est permanent.
L'alerte terroriste à Genève en décembre a aussi servi d'accélérateur en termes de coopération, selon le directeur des douanes françaises du Léman: «Ça a frappé les esprits. Depuis là, j'ai senti mes interlocuteurs suisses plus sensibilisés et plus impliqués encore face à la menace terroriste.»
Milliers de contrôles
Entre la mi-novembre et la fin de l'année, les agents tricolores postés à la frontière entre Nyon (VD), Genève et Saint-Gingolph (VS), ont contrôlés 104'000 personnes à l'entrée et à la sortie du territoire français, soit 2250 par jour. En tout, 233 refus d'admission ont été prononcés: c'est autant en six semaines qu'en un an d'habitude. Enfin, 17 personnes «pouvant représenter une menace» ont été signalées et 8 fiches S ont été transmises.
Les 40 passages habituellement non gardés par les douanes du Léman ont été surveillés grâce à un renforcement des moyens - les effectifs qui opèrent traditionnellement à l'intérieur du territoire ont été rapatriés à la frontière. Mais aussi grâce à une collaboration inédite jusqu'ici avec la gendarmerie et la Police aux frontières (PAF), notamment en matière de renseignements.
Paris a déjà promis aux douaniers 1000 agents et 45 millions d'euros en plus d'ici fin 2017. L'état d'urgence en France pourrait être levé le 15 juillet prochain, au lendemain de la fête nationale.
Grosses saisies de drogues et de tabac
"Le trafic de stupéfiants reste un enjeu quotidien majeur pour nous", a martelé Joseph Grandgirard, chef divisionnaire à Saint-Julien. Les 230 kg de drogues saisies l'an dernier figuraient donc en bonne place au bilan 2015 des douanes du Léman. Si le cannabis représente l'essentiel des prises (68,8 kg), les agents ont découvert deux fois plus de cocaïne (25,6 kg) qu'en 2014. Enfin, plus de 21'000 doses d'ectasy ont été saisies.
L'année passée, les agents français ont également intercepté plus de 6 tonnes de tabac de contrebande. Cela dit, le trafic a connu une importante baisse de volume dès mai 2015, grâce à une modification de la taxation en Suisse. Celle-ci a fait grimper le prix de cette marchandise dans notre pays pour le mettre quasiment au même niveau que la France, d'où une importante diminution du trafic de contrebande.