Genève: Couches-culottes lavables: bientôt la norme aux HUG?

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GenèveCouches-culottes lavables: bientôt la norme aux HUG?

Le MCG voudrait que la maternité de l'hôpital troque langes jetables contre une version réutilisable. La gauche s'abstient pour le moment.

par
Lucie Fehlbaum
Pour les HUG, la mesure serait compliquée et coûteuse.

Pour les HUG, la mesure serait compliquée et coûteuse.

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«C'est dommage, ces réticences. Mes collègues n'ont pas laissé une chance à l'idée de s'installer», déplore la députée Ana Roch. L'idée, c'est celle de couches-culottes lavables. L'élue du Mouvement Citoyens Genevois (MCG) aimerait en démocratiser l'usage et demandait, via une motion, que soit examinée la possibilité pour les Hôpitaux universitaires genevois (HUG) de s'en servir à la maternité, plutôt que des pampers jetables. Bien que de prime abord cracra, l'objet est écologique en plus de coûter moins cher (lire encadré). Pourtant, ni les Verts ni l'hôpital n'ont suivi la politicienne, dont le texte a été refusé en commission par 7 non, 6 abstentions et 2 oui.

«Ils ne se sont pas mouillés à cause du coût nécessaire au changement de système. Mais c'est ainsi pour chaque réforme, regrette Ana Roch. J'ai découvert les couches lavables en regardant un reportage sur un hôpital français qui les utilise. Ils collaboraient avec une entreprise pour gérer les langes, employant au passage des gens en rupture professionnelle.»

En commission parlementaire, les Verts, d'abord tentés, se sont finalement abstenus de voter le projet, à l'instar des autres partis de l'Alternative. «On aimerait mettre fin au plastique à usage unique au niveau de l'Etat, les couches lavables vont dans le même sens, affirme pourtant Marjorie de Chastonay, députée écologiste. Elles ne doivent pas rester un privilège de bobo aisés, c'est à la fois économique et écologique.» Son parti voulait intégrer un volet sensibilisation et «mettre à dispo des parents des espaces de collectes plus importants pour faciliter l'usage en dehors de l'hôpital» (lire encadré). Le MCG n'ayant pas retenu cet aspect, les députés de gauche n'ont pas approuvé.

Du côté des HUG, on se montre plus circonspect. En rappelant d'abord que la Maternité et la pédiatrie ne consomment que 40% des 900'000 couches achetées par an, les autres étant destinées aux seniors. Et que les 11 tailles de langes différentes devront être stockées. «Nous sommes ouverts à étudier cette proposition, mais sa mise en œuvre impliquerait de trouver des solutions à plusieurs défis, explique Nicolas de Saussure, porte-parole des HUG. Notamment, du personnel en plus serait nécessaire pour collecter, laver et traiter les couches.» Pour laver six tonnes de langes par semaine, les HUG devraient se doter de machines supplémentaires. Il faudrait également mettre au point «des solutions de désinfection et de nettoyage pour compenser le risque de transmission de germe.» Ce dernier point n'est pas rédhibitoire pour Marjorie de Chastonay. «On partage déjà les draps et les chemises de nuit de patients qui ont vomi ou fait dans leurs lits. Ils sont très bien désinfectés.»

Le Grand Conseil genevois doit encore se prononcer. À Lausanne, le CHUV utilise des langes jetables.

Un investissement vite remboursé?

Interrogé par la commission de l'environnement, Didier Gevaux, directeur du

département de l'exploitation des HUG, affirme que l'hôpital achète 900'000 couches par an, à 1.50 francs pièce. Soit un coût annuel de 1,35 millions. Selon lui, il faudrait dépenser 700'000 francs pour l'achat d'un stock de langes écolos. Qui tiennent, selon une entreprise genevoise qui en fait la distribution et l'entretien, en tout cas trois ans. Pour les sacs qui serviraient à les transporter, il faudrait prévoir un investissement de 400'000 francs ainsi qu'un autre de 500'000 francs pour le tunnel de lavage, sans compter le personnel supplémentaire à engager. Pour Ana Roch, la mise serait vite remboursée. "On créerait des emplois pour les gens sur le carreau. Et quand on pense qu'un lange jetable produit 3,5 fois plus d'énergie et 60 fois plus de déchets solide que la version lavable, le calcul est vite fait."

Mal brûlés

Auditionnée par les députés, la responsable de l'entreprise eco-couche, seul circuit de distribution et lavage de couches réutilisables sur Genève, estime que 4500 tonnes en sont jetées dans le canton par an. Selon elle, elles sont mal incinérés, car humides. "Cela pousse les Cheneviers à charger les fours avec d'autres matériaux pour monter en température. Les couches jetables ne sont donc pas brûlées aussi facilement qu'on voudrait nous le faire croire. Cela ne fait que nous coûter de l'argent." Les langes utilisés par son entreprise sont faits de tissus imperméable et d'une couche intérieure en bambou. Les seaux dans lesquels la responsable reçoit les produits de nettoyages (de la lessive bio et des désinfectants oxygénés) sont donnés aux parents pour stocker et donner les couches souillées. Les Verts espéraient des points de collecte, "façon éco-point", à large échelle.

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