GenèveCoup d'arrêt pour le CEVA, bloqué par des recours
Plusieurs oppositions liées au bruit et aux vibrations ont été déposées. Le retard pris par le chantier pourrait coûter des millions.
- par
- Jérôme Faas

Les oppositions ciblent les secteurs des Eaux-Vives et de Chêne-Bougeries.
La mise en service du CEVA fin 2019 est compromise. Les travaux sont en effet bloqués dans deux secteurs, à Chêne-Bougeries et aux Eaux-Vives. Lors des mises à l'enquête publique, des particuliers et des associations ont formulé des oppositions. Celles-ci concernent les mesures prises pour limiter les vibrations et les bruits dits solidiens, c'est-à-dire transmis par le sol.
Selon nos informations, un recours a été déposé par plusieurs propriétaires aux Eaux-Vives, aux abords de l'avenue Théodore-Weber. L'un de ces opposants serait l'association juive Habad. A Chêne-Bougeries, trois recours au moins ont été dénombrés. Le premier émanerait de propriétaires de PPE (propriétés par étages) construites en parallèle du tracé; le deuxième a été émis par l'association des Voirons; le troisième aurait aussi été déposé par des propriétaires. La mise à l'enquête de la halte de Champel n'a en revanche soulevé aucune opposition, à notre connaissance.
Deux motifs distincts expliqueraient ces oppositions, analyse un proche du dossier: «le refus dogmatique du CEVA pour les uns, le maintien de la valeur immobilière des biens pour les autres».
Ces recours ont été déposés alors que la direction du projet ferroviaire estime avoir fait plus que son devoir pour limiter l'émission de bruit et de vibrations. En utilisant la technique dite des «dalles flottantes», elle va atténuer les nuisances au-delà de ce que prescrit la directive applicable. Bref, elle a pris des mesures dites «de confort» pour les riverains.
Pour l'heure, le taux global d'avancement du chantier du CEVA est de 74%. Les risques de surcoût, régulièrement évalués par la direction et jusqu'à présent en baisse régulière, se fixent actuellement à 144 millions de francs. Les risques liés à ces procédures y sont inscrits. «Ils sont identifiés de longue date», précise la direction du projet.
Cette dernière observe que certaines contestations des opposants visent les normes, d'autres la méthodologie des mesures effectuées en 2016. Elle indique que sa décision d'aller au-delà des normes légales en matière de protection contre le bruit et les vibrations a déjà un coût: 13 millions de francs, qui ont été budgétés. Elle se dit en revanche incapable, en l'état, de chiffrer avec exactitude les retards provoqués par ces procédures, ainsi que leur coût: leur durée est inconnue et leur nombre également, puisque de nouvelles oppositions peuvent s'ajouter dans le futur à celles déjà déposées.
L'association Habad n'a pas répondu à nos sollicitations. Le président de celle des Voirons, Alain Spadone, nous a fait savoir qu'il était absent de Genève jusqu'au 21 février. Il s'exprimera dès son retour.
"Les forces de l'immobilisme"
C'est sur Facebook que le conseiller d'Etat Luc Barthassat, chargé des transports, a choisi de réagir. Il souligne que "jamais" un projet n'a donné lieu à autant de consultations et d'accompagnements pour la population que celui-ci. Il insiste sur "l'exemplarité" du chantier, et notamment la protection contre le bruit: "Ce niveau confort sur TOUT le tronçon en territoire suisse va bien au-delà des exigences légales!" Si s'opposer est "un droit", estime-t-il, il juge de son "devoir d'informer la population et les contribuables qui en paieront les conséquences". Et de conclure par une question: "Au prix de combien d'efforts pourrons-nous abattre les forces de l'immobilisme qui tentent de ralentir le développement de notre magnifique canton?"
Pourquoi maintenant?
En 2011, le Tribunal fédéral avait évacué les recours des opposants, mais il avait laissé un volet ouvert: celui des vibrations et du bruit. Les tests ne pouvant être menés qu'une fois le gros oeuvre achevé, il a été prévu que les mises à l'enquête n'ait lieu qu'à ce moment. C'est la raison pour laquelle les oppositions sont tombées récemment. Celles ciblant Chêne-Bougeries n'auraient été communiquées que récemment à la direction du CEVA.