SyrieDamas refuse le cessez-le-feu unilatéral
La proposition d'un arrêt unilatéral des violences formulée par Ban Ki-moon a été rejetée mercredi par le régime de Bachar al-Assad.
Le régime syrien a rejeté mercredi la demande de cessez-le-feu unilatéral formulée par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon. Il a exigé en préalable un arrêt des violences du côté rebelle.
«Nous avons dit à Ban Ki-moon d'envoyer des émissaires vers les Etats qui ont de l'influence sur les groupes armés pour que ces derniers mettent un terme à la violence», a dit dans un communiqué le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, Jihad Makdissi.
Le porte-parole a critiqué les déclarations de Ban Ki-moon qui a appelé mardi le régime syrien à décréter un cessez-le-feu unilatéral et demandé aux forces d'opposition de le respecter. Selon lui, cette question a déjà été discutée lors d'entretiens entre le patron de l'ONU et le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem en marge de l'Assemblée générale à New York début octobre.
M. Mouallem avait alors souligné l'importance d'intervenir «notamment auprès de l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie, qui financent, entraînent et livrent des armes à ces groupes armés, pour qu'ils cessent de le faire», selon le porte-parole. Damas assimile la rébellion à du «terrorisme» soutenu par l'étranger.
M. Makdissi a ajouté qu'à deux reprises, durant les missions avortées des observateurs arabes et ceux de l'ONU, le gouvernement syrien avait appliqué un cessez-le feu, mais que la partie adverse «en avait profité pour élargir son déploiement armé et multiplier les pertes humaines à cause de ses activités terroristes».
Ville stratégique
Sur le terrain, après avoir perdu Maaret al-Noomane la veille, l'armée a envoyé mercredi des chars pour tenter de reprendre cette ville stratégique située sur l'autoroute reliant la capitale à Alep, localité où les combats font rage depuis la mi-juillet. Les régions rurales alentour sont tenues par la rébellion.
Les troupes se sont déployées sur une partie de la cinquantaine de kilomètres d'autoroute entre Damas et Maaret al-Noomane, pour sécuriser le passage des chars, selon le centre de presse rebelle de Sermine. Les rebelles tentaient d'empêcher cette progression, faisant usage de lance-roquettes et d'engins piégés. Trois chars ont été endommagés, a affirmé la même source.
Plus au sud, «les avions du régime bombardaient violemment Khan Cheikhoune pour permettre aux renforts d'avancer vers Maaret al- Noomane», a affirmé Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), évoquant également des combats au sol. Khan Cheikhoune se situe également sur la route internationale Damas-Alep, tout comme Saraqeb, plus au nord et déjà aux mains des rebelles.
«Totalement encerclés»
A Homs, surnommée la «capitale de la révolution», l'armée tirait des obus contre la vieille ville et ses environs où sont retranchés les rebelles, toujours selon l'OSDH, organisation basée à Londres.
«Nous sommes totalement encerclés, il n'y a pas d'échappatoire», a déclaré à l'AFP un militant qui se fait appeler Abou Bilal et réside dans la vieille ville. Vendredi, des avions militaires avaient bombardé Homs pour la première fois depuis le début de la révolte, en mars 2011.
Dans l'est du pays, un caméraman d'al-Ikhbariya, chaîne de télévision officielle, a été tué par balles par des «terroristes», a affirmé à l'AFP la direction de la chaîne. Selon Reporters sans frontières, 13 journalistes et 29 citoyens-journalistes ont été tués en Syrie depuis le début du soulèvement.
La Turquie gronde
Dans un climat de tension extrême entre Ankara et Damas, le chef de l'armée turque a pour sa part menacé mercredi la Syrie d'une «réponse encore plus puissante» si elle continuait ses tirs vers le territoire turc, ont rapporté les télévisions.
Le général Özel s'exprimait depuis le village d'Akçakale (sud- est), où cinq civils avaient été tués le 3 octobre par des tirs syriens. Depuis ce bombardement, l'armée turque répond coup pour coup aux tirs syriens atteignant le territoire turc et dont l'armée syrienne est tenue pour responsable.
Un avion de ligne syrien a par ailleurs été contraint d'atterrir à Ankara par l'armée de l'air turque mercredi en fin de journée, a annoncé l'agence de presse Anatolie. Soupçonné de transporter des armes, il a été soumis à une fouille. (ats)