TennisDaniil Medvedev maître invaincu
Le Russe a dominé en finale Dominic Thiem en trois sets et s’est offert la dernière édition londonienne du «Tournoi des Maîtres». Le plus beau trophée de sa carrière.

- par
- Mathieu Aeschmann

Le Russe est un homme heureux.
Daniil Medvedev a couronné sa semaine parfaite à l’O2 Arena en soulevant le plus beau trophée de sa carrière. Le Russe a remporté le Masters au bout d’une finale incertaine et plaisante face à un Dominic Thiem battu pour la deuxième fois de suite au dernier set du dernier match de la saison (4-6, 7-6, 6-4). Le protégé de Gilles Cervara - élu coach de l’année - intègre le club très sélect des joueurs qui ont battu Novak Djokovic et Rafael Nadal dans le même tournoi avant de le quitter en champion. Un exploit qu’il doit à son service, à sa science des rythmes mais aussi à une couverture de terrain assez prodigieuse pour sa taille (198 cm).
Si ce premier sacre de prestige pour Daniil Medvedev ne souffre aucune contestation, il vient renforcer l’idée que le Masters est devenu un territoire plus facile à conquérir que les levées du Grand Chelem. Depuis 2016 et le titre d’Andy Murray, le tournoi des maîtres s’est en effet toujours offert à un joueur encore vierge de sacre majeur (Dimitrov, Zverev, Tsitsipas et donc Medvedev).
L’autre enseignement de la semaine promeut le Russe au rang de nouvelle terreur de l’indoor. Déjà impressionnant à Bercy, Daniil Medvedev a aligné cinq succès sur le central de l’O2 Arena, battant Djokovic, Nadal et Thiem en cinq jours. On a connu pire comme carte de visite. Or le Cannois d’adoption tisse sa toile dans un mélange d’intimidation historique (gros service) et d’approche iconoclaste pour les garants des standards du tennis sur court couvert. Avec sa position de retour loin derrière la ligne de fond et sa propension à varier les rythmes en allongeant les échanges, le Russe est insaisissable. Il temporise, contre, entre dans la tête de son adversaire. Pour se faire violence au meilleur moment et venir provoquer sa chance au filet.
Lors de cette finale, cet instant décisif est arrivé au milieu de la deuxième manche (3-3). La balle de break que venait de se procurer Dominic Thiem avait quelque chose d’une balle de match. C’est là que Daniil Medvedev enchaîna un service-volée sur deuxième balle venu de nulle part qui lui sauva la mise. Rebelote dans le tie-break que le Russe faisait basculer par la grâce d’un retour-volée totalement inattendu. Ainsi fonctionne Daniil Medvedev, roi du poker-menteur quand il en a besoin.
Le Moscovite va-t-il réussir là où ses trois prédécesseurs tâtent encore: afficher la même maîtrise en Grand Chelem? De nombreux signaux invitent à l’envisager, à commencer par sa faculté à se relancer en cours de match. Et puisque cette drôle d’année 2020 a couronné quatre champions différents lors des quatre plus beaux tournois disputés (Djokovic en Australie, Thiem à l’US Open, Nadal à Roland-Garros et donc Medvedev au Masters), 2021 promet des empoignades encore plus incertaines. Soit exactement le genre de situations dont raffole Daniil Medvedev.