SuisseDans la police, les cadeaux sont empoisonnés
Des cas de faveurs suspectes secouent la police des bords de la Limmat. Côté romand, les présents sont soumis à un règlement strict.
- par
- mag/fnt

Les policiers n'ont pas le droit d'accepter des cadeaux en rapport avec leur activité professionnelle.
Doit-on accepter une bouteille ou des chocolats quand on bosse pour l'Etat? Cette question, six agents des mœurs zurichois ne se l'étaient pas posée. Alors que leur brigade est engluée dans un scandale de corruption, ils ont accepté des bons de 70 fr. pour une fiesta en ville. Leur règlement stipule pourtant qu'ils n'ont pas droit à des présents de plus de 50 fr. Une règle que ne connaissent pas les Romands.
Les polices de Genève, de Vaud, du Valais et du Jura sont formelles: il est interdit d'accepter des dons en rapport avec la profession. «C'est le bon sens qui doit amener à refuser des cadeaux, même si cela figure dans notre règlement, souligne Philippe Jaton, porte-parole de la police cantonale vaudoise. Mais un don modeste est acceptable.» Selon lui, les agents doivent payer leurs repas dans les établissements publics, pour ne pas tomber dans une logique de corruption potentielle.
Olivier Guéniat, commandant de la police jurassienne, explique que l'argent reçu par ses collaborateurs doit lui être annoncé, afin qu'il décide de son affectation. «J'ai accepté un don de 1000 fr. d'une riche veuve et j'ai fait faire des stylos «Police cantonale jurassienne» pour le personnel.»
Selon François Dermange, professeur d'éthique à l'Université de Genève, les cadeaux ne devraient pas être tolérés au sein de l'administration. «Mais tout dépend de leur valeur, ajoute-t-il. C'est plus délicat pour les fonctionnaires que pour les firmes privées, car le public soupçonne facilement un conflit d'intérêt, même s'il n'y en a pas.»