Décharge de Bonfol: Début des travaux après Pâques

Quelque 114'000 tonnes de substances toxiques enfouis par la chimie bâloise reposent dans ce site contaminé.

«Nous allons toucher pour la première fois au contenu de cette décharge», a déclaré mercredi le directeur de la bci, la société regroupant les entreprises chimiques bâloises engagées dans ce projet hors du commun. «Nous y sommes enfin après dix ans de planification pas toujours facile», a ajouté Michael Fischer.

Satisfaction également du côté du canton du Jura. «Nous voici donc à bout touchant», s'est réjoui Laurent Schaffter, ministre jurassien de l'environnement et de l'équipement. «La volonté de faire aboutir le projet a toujours été plus forte que le risque d'enlisement pour cause de divergences». Il a cependant rappelé que le canton a aussi su faire preuve de fermeté.

Pour marquer symboliquement cette phase attendue depuis des années, le ministre jurassien, le maire de Bonfol Jean-Denis Henzelin et le directeur de la bci ont donné un coup de pelle dans la couche de terre protectrice qui recouvre sur 1 mètre les déchets. Les autorités et la bci sont conscientes que les choses sérieuses débutent maintenant.

Dès le 6 avril, la gigantesque halle hermétique érigée sur la décharge toxique sera déclarée «zone noire», c'est-à-dire qu'elle sera inaccessible aux personnes qui ne seront pas équipées d'une combinaison de protection. Les déchets seront sortis de la terre au moyen d'un système semi-automatique de ponts roulants et de grappins. En règle générale, personne ne sera dans la halle.

Des wagonnets achemineront les tonnes déchets vers une halle de préparation où ils seront conditionnés dans des conteneurs. Ces substances transiteront via un sas de décontamination vers un dépôt à ciel ouvert. Les conteneurs seront ensuite acheminés par train vers des usines d'incinération en Allemagne.

«Nous sommes conscients que les premiers temps nous aurons des surprises et aurons des changements à faire», estime le directeur de la bci. Pour vérifier que cette installation fonctionne comme prévu, l'excavation débutera par une phase pilote de trois mois sans contrainte de temps ni de quantités. Ensuite, ce seront 160 tonnes qui seront extraites chaque jour.

La chimie bâloise assure que tout ce qui est humainement possible pour garantir la sécurité de l'homme et de l'environnement durant cette durée de l'assainissement a été fait. Le site sera placé sous très haute surveillance.

La décharge ouverte près de la frontière française a été exploitée de 1961 à 1975. «Il y a près de 50 ans, le Conseil communal prenait une décision lourde de conséquences pour notre village: il autorisait les entreprises de la chimie bâloise à entreposer des déchets chimiques sur son territoire», a relevé le maire du village de Bonfol.

L'objectif de la chimie bâloise et des autorités jurassiennes est de ne plus avoir de déchets chimiques d'ici quatre ans. Le coût total du projet s'élève à 350 millions de francs assumés par la chimie bâloise. Ni le canton du Jura ni la commune de Bonfol n'auront à participer financièrement, a rappelé le ministre jurassien.

(ats)