GenèveDécos au cimetière: la Ville fait machine arrière
La Ville voulait limiter les décors au columbarium. Des familles se sont battues pour pouvoir déborder.
- par
- Lucie Fehlbaum

Stéphane Fontaine à gauche, Anne Humbert-Droz, cheffe de service et Xavier Coulin, responsable des pompes funèbres, se sont finalement entendus.
C'est la fin d'un bras de fer qui durait depuis le printemps. Les familles des défunts reposant au columbarium de Saint-Georges n'auront pas à se munir d'une règle pour décorer les stèles. Les débordements d'angelots et de pots de fleurs seront tolérés, dans la limite du raisonnable. La Ville annonçait pourtant le contraire fin mai. Un courrier controversé envoyé aux familles leur demandait de débarrasser les décors avant la fin de l'été. La municipalité mettait ainsi fin à une tolérance vieille de dix ans.
Indignés, trois propriétaires de stèles, Stéphane Fontaine et les époux Sevilay et Marc Moura, sont montés au front. «J'ai été choquée par cette lettre au ton bureaucratique qui me réduisait à une titulaire de case», s'émeut Sevilay Moura. Fin septembre, le trio a déposé une pétition chez les fleuristes du cimetière, signée par près de 400 personnes en trois semaines et soutenue par les commerçants.
Trop tard pour renoncer
La Ville est finalement revenue en arrière et enverra bientôt un second courrier. «Je m'excuse du ton de la première lettre, convient Anne Humbert-Droz, cheffe de service au Département de la cohésion sociale, en charge des cimetières. Comme on a laissé faire très longtemps, il est difficile de revenir en arrière. Bien qu'une vingtaine de personnes nous ont remercié des mesures prises, nous entendons qu'une plus grande tolérance soit souhaitée par le public.»
Courrier «réparateur»
Anne Humbert-Droz espère que les familles régleront à l'amiable les éventuels conflits. Et précise que ses services prévoient«un entretien général du columbarium plus régulier, pour limiter l'accumulation d'objets qui s'endommagent avec le temps.» Les pétitionnaires sont soulagés. «Je me suis battu pour moi, mais aussi pour les personnes âgées, confie Stéphane Fontaine. Pour elles, orner la stèle d'un proche est parfois le moment phare d'une journée.» Sevilay Moura se réjouit du nouveau courrier. «Il sera réparateur pour les familles.»
Columbarium en escalier
L'inauguration du columbarium de Châtelaine, en 2017, a entraîné l'envoi de la première missive. «C'était l'occasion de se pencher sur la mise en application du règlement.» Ce dernier stipule que seuls sont autorisés les ornements intégrés à la plaque. Une première tolérance accordée il y a longtemps a rapidement fait oublier ce principe. D'autant que le columbarium de Saint-Georges est construit en escalier. Rien de plus simple que de placer un pot de fleur devant ou au-dessus de la stèle.