NigeriaDes attentats font au moins 40 morts
Le Nigeria a été frappé ce week-end de Noël par une série d'attentats sanglants visant des églises chrétiennes. Ces attaques ont fait au moins 40 tués au total.
Lundi, des magasins tenus par des chrétiens ont été incendiés. Des centaines de gens fuyaient les violences dans le nord-est du pays.
La série d'attentats meurtriers a été revendiquée par le groupe islamiste Boko Haram. Une trentaine de commerces tenus par des chrétiens ont été incendiés à Potiskum (nord-est) dimanche soir, selon la police et des témoins, faisant craindre une nouvelle vague de violences sectaires au Nigeria. Un supermarché a aussi été incendié de même que le domicile d'un dirigeant chrétien local, selon un habitant.
«Nous n'avons malheureusement pu arrêter personne car les incendiaires ont pris la fuite dès que les bâtiments ont été en feu», a dit un responsable de la police qui n'a pas fait état de mort ni de blessé.
A 100 km de là, à Damaturu, par centaines, des habitants étaient rassemblés devant des stations de taxis et arrêts de bus pour fuir la ville en proie à un nouveau cycle de violences et théâtre d'un attentat suicide dimanche.
Damaturu a aussi été secouée jeudi et vendredi par des combats entre Boko Haram et les forces de l'ordre. «C'est calme aujourd'hui mais rien ne garantit qu'il en ira ainsi dans les prochaines heures», a dit un homme de 31 ans devant un arrêt de bus. «Des gens ont été tués et je peux être la prochaine victime».
Le plus peuplé d'Afrique
La ville semblait calme lundi mais «la situation est terrifiante. Personne ne peut dire ce que sera la prochaine cible. Ma maison a été incendiée dans les attaques», a dit un commerçant de 42 ans accompagné de sa famille, attendant de pouvoir monter dans un véhicule pour quitter Damaturu. Une explosion avait aussi été rapportée dimanche sur un rond-point de la ville, sans faire de victimes.
Le jour de Noël, la série d'attentats contre des églises chrétiennes et d'autres cibles a fait une quarantaine de tués. Un porte-parole de la secte Boko Haram, qui veut instaurer un Etat islamique au Nigeria, a revendiqué ces violences.
Le pape Benoît XVI a fait part lundi de sa «profonde tristesse» et le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé à la fin des violences au Nigeria. Ce pays est le plus peuplé d'Afrique avec 160 millions d'habitants également répartis entre musulmans, majoritaires dans le nord, et chrétiens, plus nombreux dans le sud.
A Madalla, près de la capitale Abuja, des centaines de chrétiens ont assisté lundi à une messe célébrée dans une église visée la veille par un attentat qui a fait 35 tués, l'assaut le plus meurtrier parmi la vague d'attentats qui a secoué le Nigeria le jour de Noël.
La chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton s'est dite «profondément choquée et attristée» par les «lâches attentats». Elle a apporté son soutien aux autorités nigérianes dans «leur combat contre le terrorisme».
Se réclamant des talibans
Le gouvernement nigérian lui-même a attribué la responsabilité de trois des attaques du jour de Noël à Boko Haram: deux visant des églises et un attentat suicide contre une antenne des services secrets dans le nord-est. Une troisième église a été visée samedi soir dans le nord-est mais aucun mort n'a été rapporté.
L'assaut le plus meurtrier, contre l'église catholique Ste Theresa à Madalla, près de la capitale Abuja, a fait 35 morts selon le dernier bilan communiqué par une source ecclésiastique. L'explosion a retenti alors que les fidèles sortaient de l'édifice. Certains ont brûlé dans leurs voitures et d'autres, blessés, se sont précipités vers un prêtre pour demander l'extrême onction.
Les attaques sont survenues après deux jours d'affrontements, jeudi et vendredi, entre des membres de Boko Haram et les forces de l'ordre dans le nord-est, en particulier à Damaturu, qui auraient fait près de cent morts.
Liens avec Al-Qaïda?
Des observateurs craignent que la secte Boko Haram qui se réclame des talibans afghans et dont les actions sont de plus en plus sophistiquées, n'ait développé des liens avec la branche maghrébine d'Al-Qaïda.
Le président Goodluck Jonathan a dénoncé la violence et promis que tout serait fait pour que les coupables soient jugés. Mais les autorités ont jusqu'à présent échoué à empêcher la secte de multiplier ses attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières. (afp)
«Tristesse» du pape qui déplore «les persécutions des chrétiens»
Le pape Benoît XVI a exprimé lundi sa «profonde tristesse» après les attaques qui ont visé des églises au Nigeria le jour de Noël et déploré lors de l'Angelus au Vatican, «les persécutions auxquelles sont exposés les chrétiens dans divers endroits du monde».
«J'ai appris avec une profonde tristesse la nouvelle des attentats qui, le jour de la naissance de Jésus, ont porté le deuil et la douleur dans des églises du Nigeria», a déclaré Benoît XVI, depuis une fenêtre du palais apostolique sur la place Saint-Pierre.
Benoît XVI a «manifesté (sa) proximité à l'égard de ceux qui ont été frappés par ce geste absurde et inviter à prier pour les nombreuses victimes».
Il a aussi lancé un appel pour que le pays «avec la contribution de toutes les forces sociales retrouve la sécurité et la paix». «La violence mène seulement à la douleur, la destruction et à la mort», a-t-il souligné, en estimant qu'à l'inverse «le respect et l'amour sont la voie pour aboutir à la paix».
Le pape a déploré que «beaucoup de chrétiens dans le monde soient exposés à des persécutions voire au martyre», estimant que «comme dans l'Antiquité, l'adhésion sincère à l'Evangile peut réclamer le sacrifice de la vie».
Noël incite les chrétiens à prier «encore plus fort pour arrêter le bras des violents, qui sèment la mort et pour que dans le monde puissent régner la justice et la paix», a estimé Benoît XVI.
L'UE «choquée et attristée»
La chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, a condamné lundi les «lâches attentats» qui ont frappé des églises au Nigeria et apporté son soutien aux autorités nigérianes dans «leur combat contre le terrorisme».
«Je suis profondément choquée et attristée par les attentats terroristes qui ont eu lieu dans plusieurs régions du Nigeria, y compris les lâches attentats contre des symboles religieux et des églises pendant la période de Noël, causant des pertes effroyables en vies humaines», a déclaré la Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères dans un communiqué.
«Je condamne dans les termes les plus fermes ces attaques et tous les autres actes de terrorisme. Nous sommes aux côtés des autorités nigérianes dans leur lutte contre le terrorisme, pour protéger tous les citoyens, en particulier les plus vulnérables, afin de préserver le droit à la vie et la primauté du droit», a ajouté Mme Ashton.
Le président sud-africain Jacob Zuma condamne les attentats
Le président sud-africain Jacob Zuma a condamné les attentats de Noël au Nigeria, et rappelé son engagement à lutter contre le terrorisme dans le cadre de l'Union africaine, ont indiqué ses services lundi soir.
«Le président Jacob Zuma a condamné la série d'attentats de Noël au Nigeria, revendiqués par le groupe islamiste militant Boko Haram, qui ont fait 40 morts et beaucoup plus de blessés», indique un communiqué de la présidence publié mardi soir.
La présidence rappelle que Zuma s'était rendu récemment au Nigeria, et avait déclaré: «L'Afrique du Sud travaillera avec le Nigeria, dans le cadre de l'Union africaine, pour débarrasser le continent du terrorisme et des maux qui lui sont associés».
Le chef de l'Etat sud-africain a transmis ses condoléances à son homologue Goodluck Jonathan et aux familles des victimes.